Aujourd'hui est disponible dans toutes les bonnes librairies (anglophones, malheureusement) le dernier tome de la trilogie Kilo-Five, intitulé Halo : Mortal Dictata, toujours par la romancière de science-fiction militaire Karen Traviss.
Ce dernier volume a pour tâche de conclure l'histoire commencée dans Halo : Glasslands et poursuivie dans Halo : The Thursday War, et plus particulièrement de présenter comment l'équipe Kilo-Five réagira alors qu'un de leur membre, la Spartane Naomi-010, fait face à son père, le leader insurrectionniste Staffan Sentzke. Le nom du roman fait directement référence à la naissance peu éthique des Spartans-II, qui viole justement les Dictata mortels des nations unies. Vous pouvez accéder dès maintenant au prologue traduit en français par Lethal Projekt.
Pour l'occasion, Halo Waypoint partage également une interview de l'auteure, traduite en français par votre serviteur ci-dessous :
Comment résumeriez-vous toute la trilogie Kilo-Five à quelqu'un qui n'aurait jamais lu les livres ?
La trilogie Kilo-Five est une histoire de loyauté et de dilemnes moraux appliqués à des combattants, comme dans un thriller de la Guerre Froide. Le chef de l'ONI, l'Amiral Margaret Parangosky, sûrement le meilleur rôle pour une personne ayant l'âge de la retraite, cherche à éliminer les Sangheilis suite à la chute des Covenants. Elle envoie une équipe spéciale triée sur le volet, Kilo-Five, pour stabiliser Sanghelios afin de mettre fin à la tranquillité de l'après-guerre et déclencher une guerre civile qui les tiendront trop occupés pour penser à attaquer la Terre et réduira leur puissance militaire. L'essence de cette histoire repose sur l'équipe elle-même, trois ODSTs, une Spartane complète, une Spartane recalée appelée à succéder à Parangosky dans son rôle de chef des services secrets, un civil expert des Sangheilis habitué à l'espionnage et aux coups bas à l'académie, et l'I.A. assignée, BB (Black Box).
Ni les Spartans ni l'I.A. ne connaissent leur passé et ils découvrent dans la douleur que le comportement de l'UNSC suppose qu'il n'y ait aucun gentil dans l'histoire. La chute des Covenants a permit à d'anciens conflits enterrés depuis 30 ans de refaire surface, et un rôle acteur clé de l'insurrection coloniale n'est autre que le père d'une des Spartanes. Mais lui ignore qu'elle est une Spartane, ou même qu'elle est vivante et que Kilo-Five est chargé de l'empêcher d'acquérir un vaisseau Covenant destructeur de planète qu'il menace d'utiliser pour attaquer la Terre. Au final, chaque membre de Kilo-Five doit décider ce que leur dicte leur devoir et si ce devoir entre en conflit avec leur définition de l'humain respectable. Feront-il tout ce qui est nécessaire pour accomplir leur mission ? La tâche est peut-être impossible. Sans rien dévoiler d'important, gardez un œil sur l'I.A., BB cache des secrets, y compris à lui-même.
Bien que tous les personnage de la trilogie Kilo-Five soient intéressants et mémorables, quel est votre préféré ?
Je n'ai jamais de personnage préféré dans ce que j'écris, ça ne marche pas comme ça. Mon approche de la conception d'un personnage nécessite au contraire une complète neutralité. Le seul moyen pour moi d'écrire à la troisième personne est de pouvoir entrer et sortir de l'esprit de tous les personnages, de ressentir comme ils ressentent pour qu'ils paraissent vivants au lecteur. Vous ne pouvez pas faire ça si vous avez un préféré. Vous ne pourrez pas « être » un autre personnage de l'histoire dès que vous devez le faire intervenir ou prendre des risques impliquant votre favori, c'est pourquoi je n'en ai pas. Ils doivent tous peser pareil pour constituer un monde complet et en trois dimensions. Une histoire doit être une véritable tranche de vie avec ses gagnants et ses perdants, et rien ne garantit qui gagne ou même quelle est la définition de gagner. C'est comme ça que j'écris, et tout lecteur d'un de mes livres doivent savoir ce qui l'attend.
Certains personnages peuvent paraître très importants pour l'histoire, et quand un personnage difficile à mettre en place marche au final merveilleusement bien, vous le ressentez, mais ça n'est pas lié au personnage. C'est lié à votre propre travail et votre capacité à diriger votre écriture. C'est comme des figures de skate, l'audience ne doit pas forcément les voir, mais en tant que pro vous devez les maîtriser pour qu'on ne constate que la performance lors de la réalisation.
D'un point de vue technique, c'est à dire du point de vue interne d'un écrivain, je suis satisfaite de la manière dont a fonctionné BB. Il était indispensable à l'histoire à cause de la manière dont j'écris à la troisième personne. BB peut voir les choses sous un angle inaccessible aux autres personnages, donc je peux l'utiliser pour dévoiler certaines informations, il est comme un guide dans un jeu, avec un point de vue global. Mais il est aussi important pour comprendre les émotions des autres personnages. Ça fait de nécessité vertu. Si BB n'avait pas joué son rôle correctement, il n'y aurait pas eu de trilogie. En fait, c'est l'histoire de BB.
En se plaçant entre Halo 3 et Halo 4, la trilogie Kilo-Five a permis plusieurs explorations intéressantes du point de vue de la fiction Halo. Quels sont les champs que vous avez aimés explorer ?
C'était une expérience de genre pour moi. Je me suis lancée dans un thriller d'espionnage mené par ses personnages dans un univers de science-fiction. J'ai un ami Italien qui disait que, de là d'où il vient, la science fiction est perçue comme un cadre et non comme un genre. Bien sûr, l'histoire prend place sur telle planète ou tel monde futur, mais est-ce une histoire policière, romantique, un thriller ? Ce n'est qu'un habillage. Le cœur de l'histoire sont ses personnages, leurs interactions et les mécaniques scénaristiques autour. Grâce à son analyse, tous mes livres, que ce soient des commandes ou des récits originaux, sont d'autres genres placés dans un cadre de science-fiction. Ce sont des récits militaires, des dilemnes moraux, des thrillers politiques, et ils pourraient prendre place dans le Londres actuel ou à Florence pendant la Renaissance avec quelques ajustements technologiques. Plusieurs structures de thrillers fonctionnent ainsi. Par exemple, je viens de terminer un livre où le lecteur sait tout ce qui se passe mais pas le personnage. Au fil de la lecture, vous le voyez prendre un chemin après en avoir considéré un autre, mais il se trompe, vous voyez ça depuis les deux points de vue, mais le cœur de l'histoire, le mystère à résoudre à la fin, c'est l'identité, comment le personnage découvre qui il est et comment il a été impliqué. Avec Mortal Dictata, le lecteur se voit cacher certaines informations importantes jusqu'au bout, comme les personnages. Mais à la fin, le lecteur sait quelque chose que tous les personnages sauf un ignorent. C'est un thriller du genre « est-ce qu'ils vont réussir », avec un peu de « mais qui est-il vraiment », mais l'élément principal, le point de vue des lecteurs, c'est le côté duquel ils se rangeront et pourquoi. Je sépare les thrillers en « qui il », « pourquoi il » et « comment il ». L'avantage de cette position par rapport à la science-fiction est qu'il n'y a pas de limite pour le lecteur, il peut se demander « et si … ? » au n-ième degré.
Y-avait-il des avantages ou des défis dans le traitement d'un pan inexploré de l'après-guerre ?
Il y a des choses qui marchent dans un jeu mais font une très mauvaise narration, et inversement. J'ai pu me concentrer sur des évènements et histoires ne s'intégrant pas dans un jeu vidéo mais faisant de bons romans : complexes, ouverts d'interprétation, une véritable exposition des pensées des personnages, ainsi que les manœuvres politiques et les détails relatifs à l'armée humaine (le comportement des soldats) qui amènent à la réflexion. Je ne m'immisce pas dans la conclusion personnelle du lecteur, c'est à vous seul de décider qui a raison, mais j'insiste sur le besoin de faire une pause et de réfléchir, de ne pas juste prendre tout ce qui est dit pour argent comptant.
Comment en êtes-vous venue à choisir « Mortal Dictata », une référence à la loi citée dans le journal de Halsey, comme titre du troisième tome de Kilo-Five ?
Le gros morceau dans Halo, ce sont les Spartans. Sérieusement, personne n'a pu manquer qu'il y a quelque chose de sérieux et dangereux avec eux. Imaginez que vos enfants ne reviennent pas à la maison un soir et que vous trouviez des années après qu'ils ont été kidnappés, soumis à des expériences potentiellement mortelles et entraînés à tuer. Contre d'autres humains. Vous vous rétracteriez et vous diriez « c'est pour le bien de tous » ? Non. Vous vous insurgeriez. Comme votre société. (L'UNSC a été très bonne pour gommer le détail du but originel des Spartans et faire comme si ils avaient été créés pour arrêter les aliens). L'essence du troisième libre est Naomi, un être humain pris à sa famille, et ce qui se passe quand ce crime est examiné en détail ainsi que ses conséquences. Après avoir vu cette ligne dans le journal de Halsey, j'ai demandé si les Dictata mortels avaient été développés, et Jérémy [nde : Patenaude [ndt : expert de l'univers chez 343 Industries]] m'a dit que non, qu'ils étaient juste cités ici, alors j'ai voulu étendre cette idée sur le modèle des lois réelles et définir clairement ce qu'elles interdisaient. Bizarrement, j'aime compléter ces petits détails, j'ai déjà eu l'occasion de le faire sur les autres univers de jeux que j'ai traités, et j'ai utilisé mes précédentes expériences pour rédiger de vrais documents légaux et règlements. Je pense que j'ai bien réussi !
Avant de commencer Mortal Dictata, sur quelle histoire des deux précédents tomes vouliez-vous vous concentrer ?
Je voulais explorer le passé des deux Spartanes et voir comme les ODSTs (et BB) réagiraient quand ils seraient poussés sur le terrain de la loyauté personnelle. Si j'expliquais tout en détails, je dévoilerais la fin. Mais vous découvrez qui les gens sont vraiment et pourquoi c'est à la fois une bonne et une mauvaise noouvelle. Tout devient clair quand vous avez terminé le livre.
Sans rien dévoiler, quelle est votre passage préféré dans Mortal Dictata ?
Préféré est un mot trompeur, qui fait automatiquement référence à la joie, je préfère dire « une scène qui assemble tous les morceaux du puzzle », la pierre angulaire. C'est tout le dernier chapitre, et surtout l'épilogue. J'ai créé tout cela sur quatre ans, tenir la longueur sur une si longue période entre deux jeux était un grand défi. Quand j'ai réussi à conserver le mystère jusqu'à la dernière page, j'admet que j'étais à la fois déçue et satisfaite. L'épilogue m'a donné l'impression d'une porte qui se ferme. Il y a tellement de série dont la fin est ouverte et où vous devez écrire une suite qu'avoir une vraie fin que les gens attendaient plutôt que les laisser perplexes était, disons, très thérapeutique.
Le troisième roman menant à la fin tant attendue de la trilogie Kilo-Five, quelle a été votre contribution préférée à l'univers Halo ?
Encore une fois, je hais le mot « préférer ». Parlons plutôt de valeur ajoutée. Je pense avoir donné un aspect plus réel à l'armée en me concentrant sur des Marines pensant comme des Marines. (Et des agents secrets pensant comme des agents secrets et des aliens pensant comme des aliens, mais c'est autre chose.) Quel que soit l'avancement de la technologie et qu'importe le nombre d'aliens, ces personnages et les situations dans lesquelles ils se sont trouvées parleront aux porteurs d'uniformes. Je reçois beaucoup de messages à ce sujet. C'est pour moi le plus important. Je l'ai dit dans beaucoup d'interviews mais je cherche surtout à dire la vérité même si elle s'intègre dans un univers irréel, car la fiction a un énorme potentiel de création de stéréotypes malhonnêtes qui se simplifient en opinions réelles, ma priorité est donc de maintenir la confiance envers les hommes et femmes en uniformes. (Ça compte encore plus que l'argent pour moi.)
Oh, et je voudrais vraiment un Huragok. S'il vous plaît. Je pense toujours à d'autres choses qu'ils pourraient faire.
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