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[Review] Halo : Outcasts

Sorti le mois dernier, Halo : Outcasts est le plus récent roman Halo écrit par le prolifique Troy Denning, actif sur la licence depuis 2015. Paru dans une période difficile alors que tout aspect narratif de la saga tourne au ralenti, il ambitionne d’être le premier roman à dépeindre le règne galactique des Entités, et le premier média depuis Halo 5 : Guardians a mettre l’Arbiter sur le devant de la scène.

La critique ci-dessous porte sur un livre indisponible en français. Elle ne comporte pas de révélations majeures. Néanmoins, si vous voulez préserver toute la surprise, sautez directement à la conclusion.


Informations commerciales

Ces informations sont publiées en date du 02/09/2023 et peuvent être amenées à évoluer avec le temps.

Date de sortie : 8 août 2023
Disponibilité : Neuf
Site conseillé : Amazon, Blackwell’s
Prix conseillé : 18 €

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Notre première introduction aux histoires de Troy Denning était il y a huit ans avec Halo : Last Light (en review ici), le livre qui a lancé la saga The Ferrets continuée dans Halo : Retribution et Halo : Divine Wind. Denning a également ouvert en 2018 la saga A Master Chief Story, qui comprend ses romans Halo : Silent Storm, Halo : Oblivion et Halo : Shadows of Reach (également en review ici).

Depuis la brutale interruption de la trilogie Battle Born en 2019, Denning est donc avec Kelly Gay un des deux seuls auteurs portant sur leurs épaules toutes les publications de nouveaux romans Halo depuis maintenant trois ans. Stratégie consciente ou pas, cette situation a permis à Denning de déployer de nombreux éléments narratifs partagés entre ses histoires, qui représentent autant une force qu’une faiblesse alors qu’il signe son huitième récit.


Outcasts commence peu avant la cinématique introductive de Halo Infinite, alors que la poigne de fer des Entités de Cortana a maté toute révolte ouverte depuis la destruction de la planète Doisac, en réponse à la défiance des Parias d’Atriox. Thel ‘Vadam, que nous connaissons tous sous le nom d’Arbiter, cherche à unifier son espèce sous la coupe des Lames de Sanghelios afin de faire front contre Cortana, mais il lui manque un argument capable de rassembler les factions disparates.

Une solution se présente sous la forme d’une rumeur : une archéologue humaine appelée Keely Iyuska aurait découvert sur la planète désertique de Netherop une arme antique capable de détruire les Gardiens de Cortana, sa principale force de persuasion. La découverte atteint naturellement les oreilles d’autres factions, qui cherchent aussi à rallier discrètement Netherop pour sécuriser cet atout majeur, si tant est qu’il existe réellement.


Comme dans ses précédents romans, la force de la narration de Denning consiste à entrelacer les motivations et les actions indépendantes de factions majeures et mineures, créant une histoire où les rapports de force peuvent basculer à tout instant. Outcasts se démarque sur ce point en dépeignant avec justesse la complexité des relations entre l’UNSC et les Sangheilis.

Les lecteurs de la Trilogie Kilo-5 de Karen Traviss se souviendront que les liens diplomatiques entre les deux espèces étaient motivés par le besoin d’éviter une nouvelle guerre à la fois par la coopération, mais également par les actions clandestines visant à affaiblir l’autre parti.

Cette ambiguïté est centrale dans Outcasts, et relevée par les relations personnelles entre les deux personnages au centre de la couverture : l’Arbiter et Olympia Vale. Entre le vieil homme d’état assagi par une vie de conflits et la jeune Spartane tiraillée entre son intérêt pour les Sangheilis et son devoir envers sa propre espèce, une relation de respect unique dans la saga Halo est racontée tout au long du roman.

L’Arbiter et Vale méritent leur place sur la couverture, car si leurs propres choix sont régulièrement mis à l’épreuve, les autres personnages principaux s’articulent autour d’eux, qu’il s’agisse des autres leaders Sangheilis, avides de gagner le respect de leur Arbiter sans pour autant être en accord avec sa politique d’apaisement et de progressisme, ou la professeure Iyuska dont les intérêts académiques entrent en conflit avec les besoins diplomatiques et stratégiques de sa vieille amie Vale.

Si tous les personnages happés dans le champ de gravité de l’Arbiter et de Vale brillent par association, les personnages qui s’en échappent en pâtissent, en revanche. Il est regrettable que ces défauts impactent des personnages hérités des précédents romans de Denning, ce qui nous amène à mon principal regret concernant Outcasts : son aspect de « terminus des fils rouges ».


Bien qu’il soit classifié comme une histoire indépendante dans la bibliographie Halo officielle, Outcasts se pose en continuité de Halo : Silent Storm et Halo : Oblivion, deux romans de la saga A Master Chief Story. Cette classification est compréhensible puisque le géant vert brille par son absence dans Outcasts, où c’est plutôt un autre élément narratif qui nous revient une fois de trop : Netherop.

Déjà dans Halo : Oblivion, la mystérieuse planète aride s’était déjà accaparé le théâtre de histoire, la transformant essentiellement en une longue et difficile bataille racontée sur 400 pages. Un des aspects stylistiques les plus notables de Troy Denning est la minutie de son vocabulaire, qui oblige même des lecteurs vétérans à sortir un dictionnaire pour comprendre la description de certains paysages ou d’un accessoire spécialisé, et c’est lorsqu’il nous fait voyager de planète en planète, comme dans Halo : Retribution ou Halo : Silent Storm, que cet aspect brille au plus fort. Ce retour sur Netherop exclusivement rend le cadre du récit aussi oppressant que l’est l’atmosphère de la planète.

Si un bon roman Halo doit être agrémenté de connexions avec le reste de l’univers comme on décore un gâteau, Outcats se trompe ainsi dans ses dosages. Outre le cadre de l’histoire, de nouveaux éléments de l’histoire de Vale réutilisent et recontextualisent des détails introduits il y a plus de dix ans d’une manière parfaitement frivole. Il suffira de voir que le  dernier Canon Fodder, pourtant consacré à cet élément, se limite à reformuler ce qui est déjà écrit dans le roman sans rien être capable d’y ajouter pour se convaincre qu’on est face à un acte manqué.

Avec Netherop reviennent également des protagonistes de Halo : Oblivion maintenant relégués au rôle de personnages secondaires, dont les épreuves personnelles ne sont pas assez développées pour nous faire oublier qu’elle servent surtout à agrémenter cette course à l’artéfact antique du jour. C’est ici un deuxième défaut d’Outcasts, de reprendre cette formule trop classique des romans Halo consistant à se concentrer sur la recherche d’un seul objet, alors que Denning nous a habitué aux histoires où ses personnages naviguent sur le complexe échiquier galactique (comme, encore une fois, dans Halo : Retribution et Halo : Silent Storm).

Le bât blesse d’autant plus que le roman s’ouvre sur ce qui ressemble à une promesse de l’exploration de la vie dans une galaxie dominée par les Entités et du paysage politique des Sangheilis, pour se transformer finalement en quête pour un artéfact dont on sait par habitude qu’il n’aura qu’un faible impact, voir aucun, sur le futur de la saga. Le roman lui-même n’a d’ailleurs que des liens très ténus avec l’histoire de Halo Infinite.

On se consolera en s’émerveillant sur les nombreux détails de la culture et de la philosophie des Sangheilis, ici mis en avant comme jamais dans Halo grâce à la narration de Thel ‘Vadam, lui-même critique envers sa propre civilisation.

Si Outcasts résonne surtout comme une fin pour les fils rouges de Denning, le roman renforce en filigrane la présence d’une faction déjà remise au goût du jour par Kelly Gay dans Halo : Point of Light. On peut espérer qu’il s’agisse d’un signal de l’émergence de nouveaux éléments importants dans la saga, qui se préciseront peut-être avec le prochain roman Halo : Epitaph, actuellement prévu pour février 2024.


Conclusion

Si Outcasts s’avère être une histoire d’ambition plus restreinte que les premiers chapitres ne le laissent entendre, il est difficile de le considérer comme une mauvaise entrée dans la bibliographie Halo.

Le développement de ses principaux personnages représente ce qui se fait de mieux dans la saga, et Troy Denning n’oublie jamais d’agrémenter sa narration de détails fictionnels ou réalistes qui nous rappellent que les livres sont un média parfaitement adapté pour se laisser happer dans l’univers de Halo.

L’avis de Lunaramethyst :

  • De nouveaux aspects de personnages favoris
  • Une plongée dans la culture des Sangheilis
  • D’importantes implications pour le futur de l’univers
  • Un manque d’ambition dans l’usage de l’univers post-Halo 5
  • Une impression de « trop peu » dans la réutilisation des éléments des précédents romans

Quels personnages voudriez-vous voir mis en avant dans de prochains romans ?

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