Bienvenue pour cette huitième rediffusion des traductions des Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était La Bataille pour la lune de sang.
Hippocratica est un condensé de détails de l’univers réagencés pour former une nouvelle storyline. Les kits de soin de Halo 3 : ODST, les drogues expérimentales de la nouvelle Midnight in the Heart of Midlothian et l’équipe Oméga des Spartans-II brièvement apparue dans Halo Wars se rassemblent pour introduire un nouvel acteur sur l’échiquier galactique.
NOTE HISTORIQUE : Cette histoire est principalement basée sur des extraits de Jamais loin de l’arbre : l’autobiographie d’Adam Andrews, à paraître chez Singer-Edwards Ink fin 2561.
[<<<SAUT VERS CHAPITRE 3>>>]
Ce serait mentir que de dire que c’était la première fois que je m’aventurait seul. Notre famille visitait souvent Arcadia d’aussi loin que remontent mes souvenirs, et le centre-ville était devenu pour moi comme un immense terrain de jeu. Le paradis pour un garçon de huit ans, et je ne manquais aucune occasion de m’éclipser pour aller vivre une nouvelle aventure. J’entrais dans un musée pour m’ébahir devant des fossiles, je courais après les lézards secs dans les parcs, ou je m’asseyais sur les murs du port, agitant mes jambes au-dessus de l’eau en contemplant les cargos Banta de luxe transportant les touristes entre la surface et l’orbite.
Tant de paix, tant d’innocence, tant de souvenirs.
Tout cela disparut en un instant.
Sur le moment, j’étais dépassé par les événements. Il y eut des explosions et des flashes bleus, verts et violets, dont j’ignorais la source. Mon cerveau enfantin pensait probablement qu’il s’agissait d’un spectacle de feux d’artifice comme il y en avait souvent dans les parcs… Mais l’heure ne collait pas.
Puis vinrent les cris et la foule. Les citoyens se ruaient en masse, comme un banc de sardines fuyant un prédateur. Mes souvenirs sont toujours très flous aujourd’hui, j’hésite à les raconter parce que je ne suis pas sûr de savoir faire la différence entre ce que j’ai réellement vécu et les bribes de flashes d’information et de documentaires qui s’y sont greffées.
Je me souviens d’avoir fui dans une station ferroviaire pour trouver un train qui m’emmènerait loin du danger, mais il n’y en avait évidemment plus un seul.
Je me souviens d’avoir regretté de ne pas être resté avec mes parents au lieu de m’être sauvé.
Je me souviens de la chaleur des explosions et des hommes de métal.
Je me souviens du magicien.
[<<<SAUT VERS CHAPITRE 5>>>]
À leur honneur, les autres enfants étaient pleins d’empathie. Pendant environ un an, je fus couvert de mots gentils et de condoléances, de bons plats et de visites aux parcs d’attractions. Cette patience et cette pitié étaient ma thérapie. Mais ces choses ne durent qu’un temps, et je ne leur en tiens pas rigueur. La situation devait aussi être difficile pour mon oncle et ma tante. Un tir de plasma bouillant avait fait fondre un ferry avant de l’envoyer s’écraser à la surface d’Arcadia, et ainsi leur neveu était devenu un fils, eux qui n’avaient jamais voulu d’enfants.
À cet instant, j’avais hérité de l’empire Optican, mais les vies que j’aurais voulu le plus sauver m’avaient déjà échappé.
Je me demande parfois comment ils ont vécu leurs derniers instants. Par facilité, j’étais initialement plein de rancoeur. Avaient-ils seulement essayé de me chercher ? De braver le danger pour moi ? Cette frustration se changea en culpabilité : mes propres fautes avaient mené à mon abandon. Après tout, je m’étais volontairement échappé, cette séparation était née de ma curiosité frivole.
Au cours des années suivantes, j’en apprenais plus sur l’attaque, et il devenait évident qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de partir à ma recherche. Les habitants avaient été entassés à la va-vite dans tous les vaisseaux disponibles, et tenter de remonter une foule de gens terrifiés aurait signé leur arrêt de mort.
Il s’avère qu’en me séparant d’eux, j’avais assuré ma propre survie. Mais ce coup du destin avait fait de moi le satellite de ma propre culpabilité, prisonnier de son orbite. Par ma faute, je leur avais infligé dans leurs derniers instants une frayeur encore plus sombre.
[<<<SAUT VERS CHAPITRE 8>>>]
…j’étais, en fait, pris d’obsession. Je ne soutenais pas une équipe en particulier, en tout cas pas pendant la saison de 41, mais je suivais religieusement toutes les diffusions. Je ne m’intéressais pas seulement à la compétition, mais au fait que cette compétition créait des lumières d’ingénierie, en particulier dans les domaines de la santé et de la sécurité. Ces idées de pionniers dépassaient le cadre du sport, et il m’apparut tôt que me faire sponsor servirait mes objectifs au long cours. Si tant est qu’un tel futur fût encore possible.
[<<<SAUT VERS CHAPITRE 11>>>]
J’y avais bien évidemment déjà pensé. Mais ce n’est que dans mes dernières années à l’université que je pris pleinement conscience de l’impact de cette expérience sur mes objectifs et ma manière de penser.
Alors que je terminais mes études, j’apprenais dans le même temps à diriger une entreprise titanesque, au service d’un nombre vertigineux de colonies. Bien entendu, tous les membres du comité n’étaient pas ravis à l’idée qu’un jeune homme de vingt-deux ans puisse posséder ce genre d’autorité, mais cette décision n’était pas de leur ressort.
Si j’étais dans cette position, c’était à cause des Covenants. Si des solutions avaient été trouvées plus vite, une telle situation ne se serait jamais produite. Et surtout, ma survie était due aux efforts de soldats bien équipés et entraînés. Ainsi, mon investissement dans les partenariats militaires ne faisait pas l’unanimité, mais mon devoir était de sauver des vies.
Et c’est exactement ce que je fis ! Car ma famille avait fondé Optican dans ce but.
Mais la solitude ne me quittait jamais très longtemps, en partie à cause du rythme effréné imposé par mon agenda. Il y avait toujours à faire : un meeting pour notre prochain projet de recherche, un examen important, ou un restaurant qui ignorait ma demande de moins épicer ma commande.
Heureusement que je pouvais compter sur Dan. Nous étions colocataires depuis ma deuxième année, et être en bonne compagnie faisait toute la différence pour garder les pieds sur terre quand toute votre vie ressemblait à un séisme constant. Et puis, quel marmiton.
[<<<SAUT VERS CHAPITRE 22>>>]
…ce ne fut pas faute d’essayer. Optican avait persisté dans sa croissance après la fin de la guerre. Un nombre vertigineux de mondes, et donc de personnes, méritaient une lueur d’espoir après les décennies d’enfer qu’ils avaient vécues. Je devais m’assurer que les hôpitaux recevaient des stocks, que les techniciens étaient formés et que les budgets étaient approuvés.
Il ne suffisait plus d’être réactif, mais aussi d’être prévoyant. Il fallait donc changer le paradigme pour que cette évolution se réalise en pratique.
Bien entendu, chaque évolution donne lieu à de nouvelles difficultés, mais à cette période ces dernières étaient moins susceptibles de vous tirer dessus. Ou plus précisément, les difficultés qui tiraient étaient différentes.
La mission restait néanmoins inchangée :
Je voulais qu’ils soient fiers de moi.
Je veux qu’ils soient fiers de moi.
[<<<MANUSCRIT EN PAUSE>>>]
« C’est comment ? »
Adam se tourna vers le preneur de son de l’autre côté de la vitre qui segmentait le studio d’enregistrement. Il s’affalait déjà un peu dans sa chaise. Il était difficile de déborder d’énergie pour une performance qui consistait à revivre les souvenirs les plus traumatiques de sa vie.
« C’est tout bon, monsieur Andrews », confirma le technicien en levant ses deux pouces. « Je pense qu’on peut s’arrêter là pour cette session. Je transmettrai nos progrès d’aujourd’hui à l’éditeur. »
« Bien. » Adam se leva de sa chaise, se retira du studio et se rendit rapidement aux toilettes.
Pris au piège. Seul. Derrière les portes bloquées de la station.
Un vacarme au-dehors. Des cris et des cris… un indice sur ce qui se passait derrière les vitres.
« Ici contrôle au sol, les Covenants approchent ! Préparez les protocoles de lancement d’urgence. »
C’était un jour si ensoleillé, et pourtant c’était la fin du monde…
Adam ouvrit le robinet et s’aspergea le visage d’eau froide, se forçant à respirer profondément pour se calmer et retrouver les idées claires. Il avait besoin de s’allonger et de se reposer. Il n’avait rien avalé d’autre que du café de Casbah en trente-six heures, et son corps lui en voulait.
Mais le temps manquait. Il avait une dernière chose à faire.
« Hé, gamin ! », appela une voix. « Qu’est-ce que tu fous là ? »
« La porte, c’est bloqué », répondit Adam.
« Alors tu vas voir un tour de magie. »
« Un… tour ? »
Quelques instants plus tard, les portes de la station s’écartèrent de quelques centimètres avant de se bloquer de nouveau. Son sauveur monta les marches de pierre et les écarta encore un peu, permettant à Adam de le voir. C’était la première fois qu’il voyait un magicien portant un uniforme des Marines.
« Vous connaissez d’autres tours ? » demanda Adam alors que le magicien le tirait hors de la station. Un véhicule les attendait, une jeep militaire équipée de deux dents courbes à l’avant et d’un canon à l’arrière.
Le magicien ne répondit pas et souleva Adam vers le siège passager. Son sourire se changea en une expression de détermination. Depuis ce nouveau point de vue, Adam pouvait voir les foules qui se pressaient vers le spatioport de la ville et les transports qui se ruaient vers le ciel. Des soldats en armure circulaient entre les cris et les coups de feu.
La jeep aux dents démarra si brusquement qu’Adam fut écrasé contre son siège, et un tonnerre assourdissant rugit quand le soldat derrière le canon tira sur les formes violettes qu’ils dépassaient à toute vitesse.
« Tu voulais voir un autre tour de magie ? » demanda le magicien. « On va en jouer un aux Covenants. Quand on sera au spatioport, on fera disparaître tout le monde, et toi aussi. Continue de me regarder, OK ? »
Adam acquiesça. Il se dit qu’à cet instant, rien ni personne d’autre au monde n’existait que le magicien qu’il fixait du regard.
La promesse du magicien fut mise immédiatement à l’épreuve et un choc fit dévier la jeep sur la droite. Adam fit l’effort de ne pas détourner son regard et ne vit pas clairement ce qu’ils avaient percuté. Il remarqua alors un objet incongru attaché à l’épaulière du magicien.
« C’est quoi ? » demanda Adam.
« C’est un as de pique », répondit le magicien, qui sourit de nouveau. « C’est le signe que Dame Chance est de notre côté, gamin ! »
Un EV-44 Nightingale dans toute sa splendeur attendait l’arrivée d’Adam sur la piste d’envol exclusive. Ses rotors basculants étaient déjà en route pour décoller à tout moment. Alors qu’il contemplait les plaines vitrifiées d’Arcadia, il se dit que son voyage aller depuis le siège d’Optican avait été bien plus tranquille que ce dont il se souvenait de son évacuation de la planète.
Ce modèle d’aéronef à décollage et atterrissage vertical était un des premiers fruits du partenariat conclu par Adam avec Misriah Armory après la guerre. Sa vision d’origine était de faire de l’EV-44 un véhicule dédié au transport médical, mais pour atteindre un compromis plus tard présenté comme « le meilleur des deux mondes », le véhicule était devenu une armature hautement personnalisable, adaptée pour bien d’autres usages.
Il avait demandé que deux autres EV-44 le suivent de loin. Adam voulait voyager seul, à l’exception de son pilote, les deux autres véhicules transportant les quatre mercenaires spécialistes qu’il avait engagés au cas où les choses tourneraient mal.
Adam tourna son attention vers un appel qu’il n’aurait pas d’autres occasions de passer.
Toute la journée, il avait repoussé l’échéance.
« Hey, Dan. »
Adam se flagella mentalement pour son ton embarrassé. Après douze ans de vie de couple, Dan saurait immédiatement que quelque chose n’allait pas.
« Grosse journée au bureau aujourd’hui, encore, tu sais ce que c’est, mais je crois qu’il y a des restes de l’autre nuit dans le frigo, tu peux te servir. Je passerai prendre quelque chose à World Cuisine en rentrant. Et je sais, j’ai dit que j’allais changer ça. Ces mauvaises habitudes… »
Adam s’interrompit. Il hésitait à en révéler trop et comment le formuler. Il tritura l’accoudoir de son siège.
« Je sais que je suis très… distant, ces temps-ci. Trop de travail loin de la maison, et de toi, pendant trop longtemps, je sais que c’est difficile pour toi. J’avance sur un projet. Un projet important. Je devais garder ça secret, mais aujourd’hui est un grand pas en avant, je te dirais tout quand je rentrerai. Je reviens demain. C’est promis. »
Il soupira longuement. Le soulagement qu’il s’attendait à ressentir n’arriva pas. Il devrait répondre à beaucoup de questions lorsqu’il sera rentré, et il espérait que Dan comprendrait les raisons de ses actions.
Adam tourna de nouveau son regard vers la surface d’Arcadia pour se changer les idées. Les Covenants avaient été repoussés lors de leur premier assaut en 2531, mais ils étaient revenus dix-huit ans plus tard pour terminer ce qu’ils avaient commencé avec une vigueur vengeresse. La surface d’Arcadia était restée grise comme la cendre depuis lors. Depuis l’orbite, on y trouvait plus une tache de couleur.
Pourtant, les planètes vitrifiées étaient devenues très prisées ces dernières années. Sur ces roches dénuées de vie, le travail fleurissait. Liang-Dortmund, Aquarius, et d’autres corporations rapaces investissaient lourdement dans les projets de dévitrification pour s’assurer des opportunités foncières à long terme. Des réfugiés privés de tout répondaient aux promesses de retrouver leurs terres, quitte à travailler dans des conditions où de minuscules fragments de verre en suspension pouvaient taillader l’intérieur de leurs poumons simplement en respirant au mauvais endroit. Quelqu’un devait s’occuper d’eux.
Comme Adam se le répétait tous les jours : tel était la mission d’Optican.
Après la fin de la guerre contre les Covenants, ou plutôt après que son intensité se soit réduite au point que l’humanité n’était pas en danger d’extinction, était apparue la lourde tâche d’établir un plan de santé publique au niveau interstellaire. Il s’était assuré d’être au centre de ce projet.
Au développement de fauteuils roulants améliorés, membres artificiels, gel médical portatif à application instantanée, thérapies physiques et mentales, étude et traitement des bactéries et maladies originaires de dizaines de mondes, s’ajoutaient les besoins de santé journaliers d’innombrables âmes meurtries par la guerre, de réfugiés éparpillés dans toutes les colonies…
L’infrastructure mise en place par le Gouvernement de la Terre unifiée (UEG) était critique, c’est pourquoi la présidente Charet avait priorisé la reconstruction dès l’accession à son poste. Des discours optimistes avaient promis que l’humanité ne serait plus jamais à la merci d’aliens belliqueux, mais de nouvelles menaces n’avaient pas tardé à émerger. Sectes covenantes, machines forerunners réveillées d’un sommeil antique, une rébellion d’IA, les Parias… Sans compter l’affaiblissement de la force militaire autrefois conséquente de l’UNSC durant l’année écoulée.
Il apparaissait évident que la survie de la civilisation humaine n’était plus garantie face à l’augmentation constante de nouvelles menaces.
Dame Chance n’était résolument plus de leur côté.
Adam n’avait aucun remède miracle contre ce mal-être existentiel. Il se maudit de sa pitoyable tentative de se distraire de ses tourments.
Une secousse le ramena à la réalité : le Nightingale s’était posé dans une clairière marécageuse. C’était une des rares zones d’Arcadia que les Covenants n’avaient pas vitrifié. C’étaient des éclaireurs envoyés par Adam qui avaient découvert la région quelques années plus tôt.
Sa présence ici aujourd’hui était le résultat de cette découverte, et des plans qu’il avait ensuite échafaudés grâce à elle.
Il quitta le Nightingale et ses bottes produisirent un son humide en touchant le sol. La clairière était remarquable, entourée d’arbres aux troncs solides et hauts, c’était un miracle que des feuilles y poussent encore. Il savait que les Covenants avaient autrefois protégé cette zone sous un dôme énergétique lors de leur première visite… Peut-être avait-il été réactivé. Cela expliquerait pourquoi l’endroit avait été épargné.
En suivant le chemin devant lui, il arriva dans les ruines d’une ancienne base avancée de l’UNSC, entourée d’étranges ruines qui semblaient faites de vieille pierre, mais dont les marquages de lumière solide trahissaient la nature bien plus robuste qu’il n’y paraissait.
Adam se demanda si Arcadia avait un jour été une destination touristique pour les Forerunners…
Mais son attention se tourna rapidement vers ceux qu’il était venu rencontrer. Le chuintement caractéristique d’une navette Phantom se fit entendre et trois Kig-Yars en descendirent près de l’entrée de la base. Ils portaient des harnais de récupérateurs auxquels pendaient des pistolets à plasma. Eux aussi avaient pris leurs précautions.
« Part du marché à nous, tenue », croassa celui au milieu en pointant vers une palette de caisses d’équipement industriel de l’UNSC qui fut déposée au sol par l’ascenseur antigravité du Phantom. « Nous être venus au milieu nulle part. Maintenant, paiement. »
« Marchons un peu. »
Le Kig-Yar plissa les yeux. « Nor Fel pas aimer surprises, humain. »
« Nous avons ça en commun, elle et moi. Mais je vous assure qu’elle sera satisfaite de ce que j’ai pour elle. »
Adam mena les Kig-Yars loin de la base vers les ruines forerunners, dans une zone couverte de mauvaises herbes. Il pouvait maintenant voir d’autres petites structures auxquelles étaient attachées des huttes et abris en métal, soulevant d’autres questions quant aux événements entourant le retour des Covenants sur Arcadia en 2549.
« Il y a presque trente ans, les Covenants sont venus sur cette planète », commenta Adam pour agrémenter leur marche silencieuse. « Nous sommes ici dans un des rares endroits épargnés par leurs rayons de vitrification, car elle abrite des technologies forerunners qu’ils considéraient comme assez importantes pour y construire un gardien très spécial. »
Les ruines qu’il cherchait entrèrent dans son champ de vision. C’était la carcasse squelettique d’un Scarab incomplet, une machine d’excavation si immense et puissante qu’elle n’avait pas pu être simplement déployée, mais construite sur place.
« Bien entendu, il n’a pas fait le poids contre les Spartans et les forces de l’UNSC, mais une partie de ce gardien a survécu… »
Adam apprécia la dramaturgie de cet instant, les Kig-Yars pendus à ses lèvres alors qu’il retrouvait son objectif. Quand les Kig-Yars virent ce qu’il leur pointait du doigt, il aurait juré que leurs yeux étaient encore plus brillants qu’à l’accoutumée.
C’était un canon concentrateur massif, la tête du Scarab. Mesurant presque huit mètres, elle était assez puissante pour désintégrer certains alliages forerunners.
Il avait pendant longtemps cherché le moindre rapport de mission, le moindre bout d’information sur ceux qui l’avaient sauvé, en espérant un jour identifier le magicien qui l’avait amené jusqu’au spatioport. Il avait envoyé des éclaireurs dans les ruines de Fort Deen non loin, et ils avaient trouvé cette zone ainsi que les restes de la bataille qui s’y était tenue.
C’est ainsi qu’il avait appris un nom : UNSC Spirit of Fire. Disparu au combat. Puis déclaré perdu corps et biens…
Pour son dernier tour, le magicien avait disparu avec le vaisseau.
Adam était persuadé qu’ils étaient toujours en vie, quelque part. Un espoir enfantin, mais la galaxie était immense autant en taille qu’en possibilités.
Beaucoup de héros manquaient encore à l’appel, et avec l’infrastructure de leur libération aujourd’hui exsangue, d’autres devraient prendre leur place. Leur travail commençait aujourd’hui.
« Marché est conclu, humain », acquiesça de son bec le meneur des Kig-Yars, reconnaissant la valeur de la transaction. « Nor Fel sera satisfaite. »
Le Kig-Yar fit signe à ses associés de préparer le canon concentrateur pour l’emporter avec l’ascenseur antigravité du Phantom.
Adam marcha jusqu’à la base de l’UNSC. Les caisses d’équipement étaient en cours de chargement dans les Nightingales. Après avoir aidé ses hommes à les attacher, Adam se relaxa dans son siège. Un poids s’était enfin retiré de ses épaules. Le plan s’était déroulé sans accroc.
C’était la fin d’un chapitre, et il en commençait un nouveau. Il se demanda comment serait écrit son prochain livre…
August-099 continua d’observer les trois Nightingales à travers la lunette de son M99 Stanchion jusqu’à ce qu’ils disparaissent. Découvrir les détails de l’implication d’Optican dans l’échange devrait attendre un autre jour, mais les récupérateurs Kig-Yar et leur Phantom étaient encore sur place, ils avaient donc encore une chance d’en apprendre plus.
Les indicateurs de Robert-025 et Leon-011 avaient clignoté en vert sur son ATH, indiquant qu’ils étaient en position.
En guise de signal, elle ouvrit le feu trois fois avec son M99. Les Kig-Yars n’eurent qu’une nanoseconde pour réagir avant que les projectiles en tungstène du fusil antimatériel ne les atteignent. Les trois récupérateurs furent instantanément pulvérisés contre les surfaces alentour.
Leon chargea vers le Phantom, sauta dans l’ascenseur antigravité et utilisa son épée à énergie pour éliminer le pilote et les gardes à l’intérieur. Robert prépara sa tourelle lourde pour éliminer d’éventuels fugitifs, mais Leon confirma au bout de quelques secondes que le personnel ennemi avait été neutralisé.
« Bon boulot, équipe Omega. » Puisqu’ils étaient seuls, August autorisa l’usage de leur TEAMCOM.
« Récupération du manifeste de transport en cours », annonça Leon en partageant les données sur les ATH de son équipe. Robert se dirigea vers le canon concentrateur pour mener des scans préliminaires.
De son côté, August restait vigilante et surveillait les alentours pour s’assurer qu’aucun invité surprise ou embuscade ne pourrait mettre son équipe en danger.
« Nor Fel fait du zèle maintenant que l’ONI et les Entités ne peuvent plus la surveiller », fit remarquer Leon en mettant à jour les données du manifeste des Kig-Yars. « Ça fait un bail que j’ai pas vu ces trucs… »
August survola les données et comprit immédiatement la surprise de son coéquipier.
Les souvenirs lui revinrent.
Hellas en 2527…
Les activités de l’Insurrection durant la guerre contre les Covenants étaient devenues inconstantes et chaotiques. S’ils avaient décliné dans certains secteurs, certains groupes avaient rapidement décidé de tirer parti d’une nouvelle arme que leurs leaders présentaient comme la solution pour rivaliser avec les Spartans.
Ils s’étaient réfugiés dans une position indéfendable. D’une compagnie entière, il ne restait que vingt soldats acculés, dos au mur et sans munitions… puis un d’entre eux avait injecté quelque chose dans son bras, avant de charger. Ce produit avait rapidement conféré à une cible d’infanterie la résistance d’un M808. Un demi-chargeur de MA5B ne l’avait même pas fait flancher, mais lorsque ses alliés s’étaient approchés pour le couvrir, il se mit à les attaquer, les déchiquetant à mains nues.
Des rapports de situations similaires émergèrent plus tard de Fumirole et de quelques autres colonies, et le Renseignement naval se pencha sur leur cause.
On appelait ce produit « augmentateur de classe Waverly », mais les troufions préféraient le nom d’« agitatueur ».
Ce cocktail de produits chimiques suspendait temporairement les limites du corps humain, conférant une augmentation massive de force physique et de tolérance à la douleur en submergeant le lobe frontal, au prix de dégâts psychologiques intenses et irréversibles. Lorsqu’il fut connu que celui qui prenait cette drogue devenait aussi dangereux pour ses alliés que pour ses ennemis, son usage déclina rapidement et elle fut rendue illégale.
La question suivante était évidente : « Pourquoi Optican s’intéressait à des drogues illégales et inefficaces ? »
La réponse devrait attendre que les dernières préparations soient en place pour que Nor Fel pense que la transaction s’était terminée pacifiquement, mais que le butin qu’elle visait avait disparu après que ses récupérateurs aient quitté la planète.
« Le canon concentrateur est sécurisé », confirma Robert sur TEAMCOM.
« Ciel dégagé », annonça Leon en faisant clignoter en vert son indicateur.
« Mission terminée, Omega », conclut August. « On décolle. »
La prochaine Waypoint Chronicle de cette rediffusion sera Fireside.
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