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Halo Waypoint Chronicles – La Bataille pour la lune de sang

Bienvenue pour cette sixième rediffusion des traductions des Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était Saturne dévorant un de ses fils.

La Bataille pour la lune de sang est une pure histoire d’action située dans la galaxie Halo moderne, où humains et Sangheilis allient leurs forces pour combattre la menace des Parias. Les implications logistiques et stratégiques qui apparaissent en filigrane n’en sont pas moins importantes pour le futur de l’univers.


NOTES HISTORIQUES

La Bataille pour la lune de sang se déroule au début de l’année 2560, peu après les événements de Halo : Outcasts et le début de Halo Infinite, où l’UNSC Infinity tombe un piège des Parias et Cortana se sacrifie, propulsant le Halo Zêta dans le sous-espace.


SCORRIN’S BLADE

La commandante de vaisseau Mahkee ‘Chava scruta le grand hologramme tactique de Suban au centre du pont. Plongée dans la pénombre, la chambre de commandement ressemblait à celles qu’on pouvait trouver dans les corvettes de motif Ceudar. Le vaste intérieur était entouré de rangées de consoles de contrôle dédiées aux divers systèmes qui faisaient des forceurs de blocus des vaisseaux d’interdiction puissants et rapides.

Mais dans la situation actuelle, cette rapidité n’était cependant pas utilisée autant que Mahkee l’aurait voulu.

Au lieu de mener un assaut coordonné pour charger les rangs des Parias, les ordres de Mahkee étaient de se tenir à distance des cuirassés ennemis et analyser prudemment la situation.

Le Scorrin’s Blade, comme tous les forceurs de blocus de motif Hekar Taa, était équipé de générateurs de camouflage avancés et d’un hyperscanner de bord rétroconçu à partir d’antique matériel forerunner. En théorie, ces systèmes travaillaient de concert pour obtenir des plans détaillés de l’intérieur des vaisseaux ennemis à leur insu, mais cet usage fut limité à l’ère de l’Alliance Covenante.

Les hyperscanners collectaient une quantité faramineuse d’informations, et Mahkee supposait qu’elles devaient être filtrées par les intelligences artificielles des Forerunners. Les mêmes IA dont les Prophètes, dans leur soi-disant infinie sagesse, avaient considérablement réduit l’utilité.

Mais les Lames de Sanghelios n’avaient aucun a priori contre les formes de vie artificielle, même celles conçues par les humains qui s’étaient rebellées contre leurs créateurs et tentaient à présent d’imposer leur volonté à toute la galaxie.

Mahkee n’avait cependant pas besoin d’une IA pour utiliser ces systèmes, car elle possédait un substitut tout aussi efficace.

« Dibdib, statut ? »

La petite Unggoy sursauta à l’approche de Mahkee. Avec le temps, elle s’était habituée à cette situation et ses réactions n’étaient plus aussi extrêmes qu’auparavant.

« On a les dernières infos sur les méchants cuirassés, commandante, » couina Dibdib dont le regard restait fixé sur l’hyperscanner. « Je les envoie sur le gros holographe ! »

« Excellent. » Mahkee continua son tour du pont. « Tylk, approche le Scorrin’s Blade à la distance de sécurité minimale. »

« À vos ordres, commandante. » Xelq ‘Tylk confirma d’un signe de tête. Il était une nouvelle recrue des Lames de Sanghelios, encore jeune et soucieux de faire bonne impression sur ses supérieurs.

Le Scorrin’s Blade se mit en mouvement et Mahkee tourna de nouveau son attention vers l’holographe de Suban. Ses mandibules se serrèrent. Les Parias avaient non seulement eu l’.udace de venir dans le système, mais ils osaient à présent menacer son foyer, la lune de sang de Sanghelios. Mahkee et sa fratrie y étaient sorties de l’œuf et y avaient grandi ensemble. En se remémorant ces souvenirs, elle fut soulagée que ses deux frères se trouvent sur Sanghelios pour inspecter les dernières productions de la Manufacture de Kolaar. Ils étaient rusés, mais Silset et Oebrin n’étaient ni des combattants, ni des Sangheilis à la mentalité traditionnelle, quel que soit le sens du terme.

Il était un peu ironique que ce soit elle qui ait hérité de ces traits.

Mahkee n’avait pas la patience requise pour les manœuvres politiques, les complexes accords commerciaux ou la gestion d’un clan, qui étaient traditionnellement le quotidien des femelles sangheili. Même lorsqu’elle était toute jeune, sa mère lui disait que le feu et le sang de Suban coulaient dans ses veines. Quand l’Arbiter avait annoncé que l’armée des Lames de Sanghelios était ouverte à absolument tous les candidats, elle avait reconnu sa voie.

Elle avait même été surprise de découvrir, en inspectant les données d’un croiseur léger de motif Zanar de sa flotte curieusement nommé Bad Gas, que même des Unggoys pouvaient atteindre le rang de commandant de vaisseau.

Tournée vers l’holographe, Mahkee fit un mouvement de poignet et l’image de Suban se dissipa, laissant place aux derniers scans tactiques du cuirassé placé au centre de l’activité des Parias dans la région.

La maître des scanners Dibdib était même parvenu à identifier le nom du vaisseau : Ghost of Barolon.

L’holographe mettait en évidence son armement, qui emplissait Mahkee de crainte. Le Scorrin’s Blade était clairement désavantagé contre les monstruosités gargantuesques assemblées par les Parias. Leurs cuirassés étaient l’avatar de leur rapide ascension sur l’échiquier galactique, alors que les vaisseaux des Lames de Sanghelios reflétaient les antiques motifs connectés à leur histoire pré-covenante. Cette poursuite de l’héritage des Sangheilis était admirable, mais ces motifs étaient souvent anciens et dépassés par le tonnage et la puissance de feu des ogres pourpres blindés.

Suban était plus qu’un foyer pour Mahkee : au début des Années sanglantes, la plus récente ère de l’histoire des Sangheilis, la lune était devenue terre neutre et un refuge. Et même avant les Années sanglantes et les millénaires de service sous l’Alliance, Suban était reconnu comme le point focal sacré de la volonté de leurs plus anciens dieux. Des traditions, doctrines et fois y avaient été secrètement protégées de la volonté perfide des Prophètes.

Mais à présent, des centaines de bases préconstruites avaient été déployées par le Barolon, établissant rapidement une infrastructure d’occupation sur un des sites miniers les plus fertiles de Suban.

Et Mahkee se sentait impuissante pour y remédier.

Elle savait bien sûr que chaque donnée possible sur l’ennemi était précieuse, et que le moment du contre-assaut coordonné viendrait. La patience était la vertu du commandant de vaisseau compétent, de même que la valeur de l’analyse stratégique globale et le coût de l’action prématurée. La discipline de Mahkee ne lui servait pas à affaiblir ou conjurer son instinct combatif, mais au contraire à l’aiguiser.

Pour le moment, elle allait observer, attendre, et trouver la faille dans l’armure des Parias qu’elle exploiterait pour offrir la victoire à son peuple.

Elle occupa son esprit en se remémorant l’opération qui prenait place au même moment à la surface. Des troupes des Spartans et des Lames menaient une opération conjointe, joignant leur témérité et leurs prouesses pour atteindre leur objectif. Mahkee en avait la certitude. Après tout, elle avait déjà combattu aux côtés des légendes vivantes de l’humanité, quand elle avait déployé le Spartan Jameson Locke et son équipe durant la bataille qui avait vu l’Arbiter enfin triompher contre les Covenants de Jul ‘Mdama.

Des légions de Parias contre une poignée de Spartans et de guerriers des Lames de Sanghelios ?

Son esprit bannissant l’incertitude pour nourrir la confiance, Mahkee avait la certitude que leurs ennemis n’avaient absolument aucune chance.

Suban

Les mines de Shua’ree

Depuis plusieurs semaines,Sanghelios était la proie de conflits dont le nombre et l’intensité étaient sans précédent. Quelques mois seulement après que l’Arbiter Thel ‘Vadam ait survécu à l’affrontement contre les Parias sur le monde-cadavre de N’ba, la poigne de fer de l’occupation militaire de Sanghelios par les Entités s’était relâchée. Cette opportunité avait rapidement dégénéré en une mêlée générale pour prendre le contrôle de ce monde si influent.

La majorité des domaines et kaidons de Sanghelios continuaient de soutenir l’Arbiter et sa quête d’unification de leur peuple, mais d’autres nourrissaient des ambitions de division. Les tensions arrivaient à leur point d’ébullition, le moment parfait pour qu’une force organisée vienne en tirer avantage. Les Parias n’auraient pas laissé une telle invitation sans réponse.

L’incursion des Parias dans le système Urs n’avait rencontré aucune mesure de défense. Les Sangheilis qui leur étaient loyaux leur avaient ouvert la porte d’entrée.

Le dernier chapitre du conflit s’écrirait dans les cieux de Suban, au-dessus d’un des nombreux sites miniers construits pour extraire une des plus précieuses ressources de feu l’Alliance Covenante. Suban était le seul site connu dans la galaxie où l’ont trouvait le kemuksuru, les cristaux énergisés utilisés dans les diverses armes à aiguilles, très répandues parmi les espèces autrefois unifiées par l’Alliance. La lune de Sanghelios se trouvait ainsi être une commodité dont le contrôle était un avantage certain, dont les Parias tenaient à s’emparer.

« Je me demande… » pensa Fahl ‘Nto. « Ce que c’est de penser comme une machine. »

Le vétéran Evocati était assis sur un rocher plat, penché en avant dans l’observation d’un des humains Spartans qui les accompagnaient. Fahl avait rencontré ces « démons » à l’occasion de quelques déploiements durant son service en tant qu’honoré opérateur Ultra sous l’Alliance Covenante, en particulier sur le monde-forteresse des humains à la fin de la Guerre d’annihilation. À présent au service des Lames de Sanghelios, il parlait rarement de ces rencontres et son esprit tanguait entre résolution et honte dans le long voyage personnel pour trouver sa nouvelle voie.

Les Spartans de l’escouade Jorogumo faisaient partie d’un attaché allié sous l’autorité du maître de flotte Arkad Nar ‘Kulul, un des commandants de la flotte de défense de Sanghelios. Les guerriers augmentés humains étaient déployés dans le cadre du traité entre l’armée humaine et les Lames de Sanghelios, et étaient à la disposition des grands kaidons des Lames pour renforcer leur effort de guerre.

En ce jour, ces efforts se concentraient sur les mines de Shua’ree. Les Parias étaient parvenus à établir un site d’extraction dans un des sites frontaliers de la carrière, faisant montre d’une efficacité féroce et d’une exécution habile. Cette incursion demandait une réponse au moins aussi décisive, mais la coordination était une qualité qui faisait souvent défaut aux forces des Sangheilis dans ce conflit.

C’est pourquoi Arkad Nar ‘Kulul avait opté pour une opération combinée, rattachant quatre Spartans de Jorogumo à une force opérationnelle des Lames menées par Fahl ‘Nto lui-même ainsi qu’Orim ‘Kassan, un guerrier des opérations spéciales de l’Arbiter.

Fahl était chargé de guider une équipe de reconnaissance avancée incluant deux Spartans et un Kig-Yar nommé Dahks. Afin de mieux les intégrer dans les forces locales, les Spartans avaient reçu un nom sangheili, entre titre et surnom, afin de donner à chaque soldat humain une identité et une impression d’inclusion plus fortes au sein de leurs rangs.

Fahl pencha la tête en observant le Spartan qu’ils appelaient Trell, qui était concentré sur la lunette d’un télémètre.

« Que voyez-vous ? »

Trell répondit à travers le haut-parleur de son casque. « Au moins deux plateformes de réception. Un cycle régulier de fourchettes volantes qui vont et viennent. »

Les mandibules de Fahl frétillèrent en entendant Trell utiliser le surnom des transporteurs de siège des Parias. Chaque transporteur qui quittait l’atmosphère signifiait que des centaines de guerriers ennemis pouvaient recharger leurs armes à aiguilles.

« Beaucoup butin, » crissa Dahks. « Pas besoin lunette pour voir ççça. »

Dahks était un Kig-Yar unique. Fahl était une des rares personnes à savoir qu’il avait autrefois servi dans le Jha’kaar, un ordre d’assassins et tireurs d’élite Kig-Yars dont la rumeur voulait qu’ils fussent capables de décapiter leur cible depuis la lune d’une planète. Ces exagérations ne diminuaient en rien les compétences bien réelles de Dahks, et le mercenaire Ruuhtien avait développé une fascination pour les fusils de précision humains, animant de grandes conversations avec Trell sur leur bon usage et leurs hauts faits personnels.

Glyyss, l’autre Spartan, se fit entendre. « Ça ne te tord pas les plumes, Dahks. Et puis on a d’autres options pour observer plus précisément la situation. »

Glyyss appuya sur deux boutons du drone de surveillance monté à son poignet et la petite machine prit son envol en direction de l’entrée d’une des cavernes de la mine.

Fahl se leva et replaça sur sa tête son casque à crête, complétant son harnais de combat couleur ivoire. Il était curieusement devenu attaché à la façon dont Glyyss savait répondre avec justesse aux complaintes du Kig-Yar. « Dahks, synchronise tes optiques avec le drone du Spartan pour observer l’intérieur de la mine. Reste ici en surveillance, mais laisse ta radio ouverte. »

« On peut alerter Jaarov et Zhinn ? » demanda Glyyss, prêt à envoyer un signal aux deux autres Spartans de l’opération.

« Oui, » confirma Fahl. « Prévenez-les que nous serons bientôt en position et qu’Orim peut déployer son Phantom. Le timing sera serré. »


SCORRIN’S BLADE

« Est-ce authentique, ‘Tylk ? » Mahkee devait être certaine de la sécurité du transfert d’informations avec les opérations au sol.

« Signature confirmée, commandante. Orim ‘Kasaan se trouve dans le vaisseau émetteur. »

Mahkee hocha la tête. « Contactez les maîtres du sommet, que nos serres de Banshees soient en formation aux coordonnées prévues. »

Elle commença à réfléchir aux issues possibles de la bataille au sol et aux conséquences sur les tactiques qu’ils utiliseraient pour les prochaines étapes du conflit, et s’apprêtait à lancer un calcul de probabilité quand un officier du pont l’appela.

« Commandante, nous recevons une autre demande de transmission, » prévint Xelq, qui marqua une pause et tourna la tête, confus. « Elle provient du commandant du cuirassé paria… »

Mahkee se prépara à une conversation qui serait certainement enrichissante.

« Acceptez. »

L’holographe de Suban et du Ghost of Barolon laissèrent place à une figure engoncée dans une imposante armure dorée. « Un Sangheili… » Mahkee s’attendait à ce qu’un tel vaisseau soit sous le commandement d’un Jiralhanae. Depuis le massacre du système Oth Sonin, les cuirassés n’étaient plus de simples engins de siège dévastateurs, mais ils étaient un monument à l’espèce qui les avait inventés.

Lorsque le commandant de vaisseau paria afficha la tête haute un air de satisfaction hautaine, elle se rendit compte qu’elle avait laissé cet instant de surprise s’afficher par l’ouverture de ses mandibules.

« Salutations, commandante de vaisseau, » déclara-t-il calmement, comme si il s’adressait à un ami. « Je suis Orna ‘Fulsam, haut seigneur de guerre des Parias. »

« Votre nom m’est inconnu et votre titre ne m’impressionne pas, » répondit Mahkee d’un ton sec sans être irrespectueuse. « Que voulez-vous ? »

« À l’heure qu’il est, vous avez sans doute compris que face à notre puissance de feu, une bataille conventionnelle se finira forcément par votre défaite. »

Mahkee soutint le regard d’Orna. « Votre flotte possède en effet certains avantages. J’ose espérer que vous n’interrompez pas mes contre-préparations pour déclarer des évidences. »

« Non, » répondit Orna. « Je viens vous demander de ne pas faire couler inutilement le sang de notre peuple. »

« Un traître qui cherche à négocier la paix ? » siffla Mahkee en plissant les yeux. « Vous êtes donc venu pour nous amuser ? »

« Nul besoin d’être ennemis. Partez, livrez-nous Suban, et vous serez épargnés. Ou mieux encore, joignez-vous aux forces des Parias, et les seuls qui mourront seront les démons qui profanent la surface de Suban. »

Mahkee ne pouvait qu’admirer l’audace de ‘Fulsam.

« Les Spartans ? » demanda-t-elle.

« Les humains, » corrigea Orna comme si prononcer leur nom le rendait nauséeux. « Les responsables des Années sanglantes, tout comme l’Arbiter qui s’est allié à eux et les invite sur nos terres pour régler ses propres problèmes. »

« Votre haine est teintée de démence, commandant, » commenta Mahkee d’un ton rempli de pitié.

« Ne voyez-vous pas la vérité ? » répondit Orna en se redressant, signalant le début d’une diatribe entraînée que Mahkee allait devoir endurer.


Suban
Mines de Shua’ree

La précision était la clé de leur plan, par nécessité plus que par choix.

Leur premier objectif était d’éliminer les quelques vigiles patrouillant le périmètre autour de l’entrée de la mine. En se basant sur son propre champ de vision et les images du drone des Spartans, Dahks avait marqué deux cibles, une pour Fahl et une pour Glyyss. Trell occupait un deuxième point en hauteur pour couvrir les mêmes angles de tir que Dahks, mais plus proche afin de pouvoir intervenir directement si la situation l’exigeait.

Fahl s’accroupit derrière un tas de pierres et attendit que sa proie soit à portée de lame. Il n’attendit pas longtemps avant qu’un mercenaire sangheili soit suffisamment proche. L’Élite paria s’apprêtait à réagir, mais la dague à énergie de Fahl était déjà plantée dans son cou sans qu’il ait pu s’emparer de son pistolet à plasma, et son sang indigo tacha l’armure spectrale de l’Evocati.

Il confirma ensuite que Glyyss avait également supprimé sa cible. Les vigiles éliminés, Fahl engagea la deuxième phase de leur plan.

« Signalez au Scorrin’s Blade qu’ils peuvent déployer leur serre. »

Le maréchal des communications du Scorrin’s Blade envoya presque immédiatement sa réponse. « Confirmé, honneur à ‘Nto. Ailes Zeshk et Siqtar en approche. »

Quelques instants plus tard, le gémissement caractéristique des chasseurs Banshee se fit entendre. Sans leurs vigiles pour surveiller le ciel, la contre-attaque des Parias serait retardée.

Les Banshees ouvrirent le feu avec leurs canons à plasma et à combustible, ciblant les transporteurs de siège en attente sur les pistes d’atterrissage avec leur chargement de kemuksuru brut. Les puissantes explosions plongèrent immédiatement la mine dans le chaos. Les guerriers des Parias couraient dans les corridors et sous les portiques, à la fois furieux et confus face à cette situation.

Leur confusion ne fit que grandir lorsque les premiers tirs de sniper résonnèrent.

« Sssi tête explose, paie bonusss, » annonça joyeusement Dahks dans la radio alors que les soldats parias tombaient à l’entrée de la mine sous l’alternance de ses tirs et ceux de Trell. Les Parias tentaient désespérément d’identifier l’origine des tirs, ce qui était difficile dans le maelstrom qui les enveloppait.

« Orim… À vous. » Fahl s’adressait à Orim ‘Kasaan, dont le Phantom patientait discrètement au fond de la carrière, attendant son signal. Quelques instants plus tard, le Phantom émergea de la caverne, ouvrant ses portes pour déployer une douzaine de guerriers sangheilis parmi les plus loyaux à l’Arbiter. Parmi eux se trouvaient également deux autres Spartans de Jorogumo, Jaarov et Zhinn, prêts à porter le combat contre les Parias.

Chaque soldat prit son poste dès que ses pieds touchèrent le sol. Bien qu’en infériorité numérique, les soldats des Lames tirèrent largement parti du chaos et de l’effet de surprise.

Jaarov et Zhinn éliminèrent plusieurs soldats ennemis avant de se positionner pour affronter la prochaine vague. Ils étaient soutenus par un Élite massif nommé Koal ‘Mal, dont le dos voûté et les épaules amples signifiaient sa maîtrise de l’épée à énergie. La lignée de ‘Mal avait été déchirée par la trahison et la guerre civile, et son domaine était constamment plongé dans la tourmente et son allégeance vacillante. Son chagrin nourrissait une rage intimidante, et une joie sombre animait chaque coup mortel que sa lame portait contre les traîtres sangheilis. Une alliance avec les Parias était pour lui impardonnable, et Fahl sympathisait avec la peine que le présent conflit causait à Koal ‘Mal.

Le fait que la majorité des forces parias déployées dans la région étaient effectivement des Sangheilis n’était pas surprenant. Les teroks n’étaient plus à la porte, ils dormaient déjà au pied du lit.

Malgré tout, et même si ses propres congénères formaient la pointe de la lance frappant Sanghelios, chaque flotte paria était irrémédiablement guidée par la poigne de fer d’un Jiralhanae loyal à Atriox, et celle-ci ne serait pas différente.

« Tant d’efforts gaspillés. » Le mugissement du Jiralhanae se fit entendre avant même qu’il ne soit visible.

Quand Fahl se retourna, un chef Brute titanesque en armure pourpre émergea d’une des passerelles traversant les tunnels. Il était flanqué de deux capitaines, chacun armé d’un lance-plasma pointé vers Fahl.

Orim parla sur leur radio. « Le chef Ipso, ce n’est pas une surprise qu’il prenne part au combat. Plusieurs de nos équipes traquaient ses meutes, mais il parvenait toujours à nous échapper. Ce n’est pas une proie facile. »

Le chef Brute coupa Fahl avant qu’il ne réponde.

« Que ressentez-vous… en voyant votre monde brûler ? Votre propre espèce allume le brasier, et nous profitons de sa chaleur. »

« Tu sembles parler d’expérience, » répondit Fahl, mais cette répartie avait bien peu de poids à leur époque. Les Jiralhanaes avaient autrefois été responsables de leur propre déclin, mais le venin de cette vérité était bien faible face à celui proféré par Ipso. Il avait raison, mais Fahl ne lui donnerait pas la satisfaction de l’admettre. « Êtes-vous tous devenus plus adeptes des mots que du marteau ? »

Le chef Brute éclata de rire. « Une excellente question. » Le large sourire qu’il arbora révéla ses crocs. « Je vais répondre par une démonstration. »

Les deux capitaines ouvrirent le feu, leurs Ravageurs éclaboussant le sol de plasma en ébullition et forçant Fahl à esquiver d’une roulade. Trois de ses alliés sangheilis vinrent l’assister et ouvrirent le feu sur les Brutes, un des capitaines étant touché à l’épaule par un tir de carabine à impulsion.

Quelques instants plus tard, les guerriers des Lames furent écrasés contre les murs de pierre par le marteau antigravité d’Ipso.

Puisant dans sa vaste expérience, Fahl usa de ruse et de manœuvres agiles pour garder l’avantage. Les combats continuaient autour de leur duel, tous les guerriers préoccupés par un flot d’ennemis constant.

Après plusieurs minutes dans lesquelles étaient versées des décennies de pratique, les capacités de Fahl ‘Nto ne suffirent plus.

La lame émoussée d’un Ravageur se planta dans son épaule alors que sa dague à énergie transperçait la gueule du deuxième capitaine, lui coûtant un instant de trop.

Un coup de pied du chef Brute le frappa en pleine poitrine et l’envoya au sol. Le casque de Fahl tomba et roula loin de lui. Il commençait seulement à se relever quand l’ombre de son adversaire le submergea.

L’esprit confus de Fahl sentit la pression qu’émettait Ipso alors qu’il levait son marteau.

Et Fahl ‘Nto comprit que son heure était venue.

Il était un guerrier, et tout guerrier connaissait déjà la fin qui lui était réservée.

Ipso rugit et son arme décrivit un arc. Fahl savait qu’elle serait bientôt sur lui.

Mais le coup ne l’atteignit pas.

Une armure cobalt emplit son champ de vision et il se trouva face à la visière d’un Spartan.

C’était Glyyss.

Un instant plus tard, le son du métal frappant le métal retentit et la lame du marteau d’Ipso perça l’armure en alliage du Spartan, se plantant dans son dos. Du sang écarlate coula à l’intérieur de la visière de Glyyss.

« Pourquoi ? » souffla Fahl, conscient que sa question resterait sans réponse.

Ipso tenta de retirer son marteau et le corps de Glyyss se souleva, mais le chef Brute dut abandonner son arme pour esquiver les tirs de canon à plasma tirés depuis l’entrée de la caverne. Le Phantom des Lames était revenu pour déverser des tirs de suppression et couvrir leur retraite désespérée.

Quand Jaarov et Zhinn le rejoignirent pour transporter le corps de leur camarade, Ipso avait disparu.

L’air trembla près de Fahl lorsqu’Orim ‘Kasaan s’approcha pour implorer son ami de se relever et rejoindre le Phantom avant qu’il ne soit trop tard.

« Nous ne devons pas reculer ! » protesta Koal ‘Mal, dont l’armure était couverte de sang indigo. « Si nous battons en retraite, Shua’ree tombera entre les mains des Parias et le sang aura été versé en vain ! »

« Il y a bien des choses qui nous distinguent des Parias dans ce conflit, » déclara Fahl malgré ses mandibules fracturées. « Mais le kemuksuru n’en est pas une. Nous reviendrons quand l’heure sera propice. »


SCORRIN’S BLADE

« L’humanité est au centre de toutes les catastrophes de cette galaxie. »

Mahkee avait rapidement perdu sa perception du temps en écoutant Orna, ce n’était probablement que quelques minutes, mais elles paraissaient être des mois.

La diatribe infatigable d’Orna continuait. « Quand l’Arbiter échoua à protéger le premier anneau sacré, les humains commencèrent à réduire nos efforts à néant. Les humains ont détruit Saepon’kal, détruisant la flotte combinée qui aurait pu faire des Sangheilis la force dominante de la galaxie, nous forçant ainsi à nous allier à la vermine contre le Prophète de la Vérité. Les humains ont fomenté les Années sanglantes, et l’état de Vadam en porte aujourd’hui la cicatrice. Encore aujourd’hui, leurs créations se sont rebellées contre eux afin de se libérer des fers qu’ils leur avaient imposés. Vous ne voyez donc pas ? Nous nous battons selon leur chant de guerre, commandante, et la culpabilité de l’Arbiter est si grande qu’il les laissera conquérir la galaxie pour apaiser sa conscience. »

Mahkee ne pouvait pas nier les éléments véridiques dans ces déclarations. Les humains n’avaient pas simplement survécu aux flammes de l’Alliance Covenante, mais avaient reconstruit avec une telle vitesse après leur victoire inespérée qu’ils en étaient devenus arrogants.

Bien des rumeurs circulaient sur leurs Services des renseignements, leur agence clandestine qui déplaçait des montagnes à l’insu de tous, dont celle qui voulait qu’ils eussent participé à la ré-émergence des Covenants sous l’autorité de Jul ‘Mdama.

La vérité était de toute évidence bien plus complexe que ne la présentait ‘Fulsam. Si les actions secrètes d’une poignée d’individus suffisaient à condamner une espèce entière, Mahkee n’aurait d’autre choix que de tomber sur son épée pour expier les exactions de l’Alliance Covenante.

« Et pourtant vous êtes maintenant Paria, » rétorqua-t-elle, « qui eux aussi comptent des humains dans leurs rangs, tout comme de nombreux autres groupuscules covenants. »

« La vermine peut s’avérer utile. Il est aisé de les retourner contre les leurs. »

« Alors il semblerait qu’ils ne soient pas si différents des Sangheilis. »

« Méditez sur mes paroles, commandante. Vous pouvez accepter mon offre jusqu’à notre prochaine bataille. » ‘Fulsam contracta ses mandibules. « J’ai également une requête : un message qu’Atriox lui-même veut adresser à votre maître de flotte. »

« Quel message vaudrait la peine d’importuner le maître de flotte ‘Kulul ? »

L’hologramme d’Orna ‘Fulsam s’estompa alors qu’il prononçait les derniers mots de la transmission.

« Dites-lui que Let ‘Volir le salue. »


La prochaine Waypoint Chronicle de cette rediffusion sera L’Épreuve du jugement.

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