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Halo Waypoint Chronicles – L’Épreuve du jugement

Bienvenue pour cette septième rediffusion des traductions des Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était La Bataille pour la lune de sang.

L’Épreuve du jugement, tout comme le roman Halo : The Rubicon Protocol, revient sur les événements qui ont précédé ceux de Halo Infinite, laissant les traces que l’on trouve tout au long de la campagne. Cette histoire courte nous renvoie à l’arène paria de l’avant-dernier niveau du jeu, où une version cruelle d’un Baptême du feu s’est déroulé.


NOTES HISTORIQUES

L’Épreuve du jugement prend place en février 2560 après l’assaut des Parias contre l’épave de l’UNSC Mortal Reverie, qui servait de poste de commandement central des survivants de l’UNSC sur le Halo Zêta.


« Debouts, vaillants guerriers ! »

L’adjudante Elena Bobrov regagna lentement conscience, et avec elle sa capacité à ressentir la douleur. Tout s’était déroulé trop vite quand les Parias avaient donné l’assaut contre l’UNSC Mortal Reverie. Ils avaient combattu pendant deux jours sans interruption. Bien qu’ils eussent été avertis de la bataille à venir, ils n’avaient eu que quelques heures pour se préparer.

Le Reverie s’était écrasé durant l’assaut naval initial des Parias, mais l’épave de la frégate de classe Mulsanne était devenue le point de ralliement fortifié du personnel de l’UNSC laissé pour compte sur ce fragment du Halo Zêta. L’installation elle-même avait été fracturée après l’intense conflit à sa surface et le saut d’urgence en sous-espace vers une destination inconnue de tous. Sous ce ciel aux étoiles étrangères, le Reverie était devenu ce qui ressemblait le plus à un foyer.

Et les Parias l’avaient détruit en un clin d’œil.

Bobrov était en plein combat quand des Brutes Berserker avaient fondu sur son escouade, les déchiquetant avec la violence déraisonnée de celui qui ne pense à plus rien d’autre que sa prochaine cible. Elle se remémora le son des os brisés et le sang de l’enseigne Daniels éclaboussant son visage. C’était à ce moment que Bobrov s’était évanouie, sa conscience vacillante ne lui laissant que la vague impression d’avoir été traînée sur l’herbe des collines du Halo Zêta et chargée sur un skiff pour être emportée là où elle se trouvait à présent… où que ce puisse être.

« Hé, » appela une voix masculine. « L’adjudante est réveillée, Doc. »

Un scanner médical la survola après quelques instants, suivi d’une piqûre de morphine instantanée qui repoussa heureusement rapidement son mal de crâne.

« J’vois rien. » Elle cligna rapidement des yeux, la panique montant dans sa poitrine contre son gré.

« Restez calme, vos yeux vont s’ajuster, » intima une voix grave. « Je pense que la lumière ne va pas tarder. »

Bobrov plissa les yeux dans la pénombre. Elle ne pouvait pas voir à plus de trois mètres devant elle et devait utiliser ses autres sens. Le sol sous ses mains était en terre battue, mais l’écho de ses mouvements autour d’elle indiquait qu’elle se trouvait dans un grand bâtiment, peut-être un hangar. Ça n’avait aucun sens.

Mais plus grand-chose n’en avait à présent.

À mesure que sa vision s’ajustait, Bobrov parvint enfin à voir celui qui avait traité ses blessures.

Se réveiller sous les soins d’un Sangheili était certainement le scénario le plus étrange qu’elle ait jamais vécu. Habillé d’une armure simple, le visage saurien sembla se désintéresser d’elle après avoir confirmé que ses capacités physiques et mentales lui revenaient.

« Tout le monde au rapport, » ordonna Bobrov. Elle grimaça en se relevant en position assise. « Qui est présent et qu’est-ce qui se passe ? »

« Caporal Singh, » annonça la voix qu’elle avait entendue précédemment. « Et, euh, on est carrément foutus, m’dame. »

« Spartan Hedge, équipe Lancer, » annonça une autre voix, emplissant Bobrov d’une lueur d’espoir. Habituellement, cette réaction aurait été simplement involontaire, mais elle connaissait le Spartan Hedge personnellement, ayant combattu avec lui sur Requiem.

Bobrov avait servi deux déploiements dans le monde-bouclier forerunner, et se trouvait à bord de l’UNSC Infinity lorsqu’il avait été tiré à l’intérieur de la planète évidée pour la première fois en ’57.

Terry Hedge avait rejoint l’équipage de l’UNSC Infinity comme Spartan cadet peu après l’incident de New Phoenix. Bobrov avait pu consulter les débriefings de l’équipe Lancer. Hedge avait mené son équipe lors des batailles les plus intenses contre les Prométhéens et les vestiges des Covenants.

« Et toi, toubib ? » demanda Bobrov en se tournant vers le Sangheili. « Tu es un guerrier, n’est-ce pas ? »

Le Sangheili la toisa avant de refermer brusquement son kit de premiers soins, qui semblait comiquement petit entre les larges mains de l’alien.

« Non. »

Réponse ferme, définitive.

« Non ? » répéta Bobrov en fronçant les sourcils.

« Mon rôle est de panser les plaies, pas… ou plutôt, plus de les ouvrir »

« T’as un nom ? »

« Oui. »

Voyant qu’il ne répondait pas, Singh le fit à sa place. « On l’appelle juste Doc. Il ne s’en plaint pas. »

Les lumières du plafond clignotèrent avant de s’allumer, dévoilant la réalité de leur situation.

Ils se trouvaient bien dans une salle grande comme un hangar à vaisseaux, mais sans les vaisseaux. À la place se trouvait une base de l’UNSC, une structure préfabriquée de plain-pied couverte de terre et de poussière, entourée de rochers et d’arrangements chaotiques de sacs de sable.

Des caisses de munitions et d’armes étaient visibles dans un petit bâtiment proche, et Bobrov s’empara d’un fusil d’assaut, d’un pistolet Sidekick et de quelques grenades. En tant que dernière réveillée, elle n’avait pas l’embarras du choix, mais le poids familier du fusil entre ses mains lui apportait un semblant de confort.

Au-delà de la base, les quatre murs de la pièce présentaient tous deux grandes portes à leurs angles. Il était évident que des ennemis en sortiraient… mais ils n’étaient que trois combattants avec des munitions et couvertures limitées. Leur situation n’était pas enviable.

« Ah, vous voilà enfin. »

La voix sonore qui l’avait réveillée retentit de nouveau, cette fois accompagnée d’un hologramme à l’autre bout de la pièce, montrant l’image teintée de rouge sang d’un Jiralhanae âgé. Son œil droit était d’un blanc laiteux, mais l’autre brillait d’un éclat malveillant visible même sur l’hologramme, et son sourire dévoilait ses dents acérées. Une barbe grise couvrait son menton, et son front portait un symbole tribal.

« Je suis Escharum, chef de guerre des Parias. Bienvenue dans mon Temple du jugement. »

« Il a pas une gueule de porte-bonheur, » commenta Singh en crachant au sol, ajustant sa prise sur son fusil de combat pour cacher ses tremblements de peur.

« Entre ces murs de fer, vous passerez les épreuves d’Atriox, et chacun connaîtra la voie des Parias, notre histoire vivante, notre ancienne servitude sous l’Alliance. Chacun connaîtra l’existence d’un morceau de chair. »

Sans attendre, le Spartan Hedge entra en action en faisant signe à Doc de l’aider dans la fortification de leur position, en déplaçant des sacs de sable et en rassemblant rapidement toutes les maigres ressources à leur disposition. Leurs défenses seraient maigres, mais c’était tout ce qui leur était alloué dans cette situation.

« Cette épreuve est celle du Roi de la colline. Un camp possède l’avantage du territoire, et doit le défendre contre quarante frères parias qui devront les en déposséder. Survivez, et vous serez récompensés. Vous avez perdu suffisamment de temps dans vos propres jeux de guerre. Jouez aux nôtres, maintenant. »

Les gratifiant d’un dernier sourire narquois, Escharum croisa les bras et l’hologramme disparut.

Le Spartan Hedge fit signe à Bobrov et aux autres de le rejoindre. « Pas de retraite, pas de reddition et pas de quartiers. Ce sont les règles de leur jeu, et c’est notre job de leur rappeler qu’ils doivent les suivre eux aussi. »

« Nous quatre contre quarante parias, » interrompit Singh en exagérant le décompte sur ses doigts. « C’est dix contre un, mec. »

Bobrov invoqua les souvenirs de ses cours de manœuvre militaire pendant ses classes. Le stratège militaire antique Sun Tzu avait dit « Ne manque pas de laisser une issue à une armée encerclée. » Un ennemi battant en retraite perdait la force de se défendre, mais un ennemi forcé de tenir une position sans issues ferait usage de toutes ses forces pour se battre jusqu’à la mort.

Escharum soit ignorait cette règle, soit plus probablement le chef de guerre des Parias la connaissait très bien et s’attendait à ce que ses captifs la respectent.

« Voyons les choses en face, » déclara Bobrov. « Il est clair qu‘aucun d’entre nous ne survivra. Alors, faites vos prières et soyez prêts à mourir violemment, parce que si vous hésitez et que vous ne faites pas compter chaque tir, c’est comme si vous étiez dans leur camp. »

Doc triturait ses gantelets médicaux, ses mandibules serrées, et il soupira. « Je m’assurerai que vous aurez des munitions et prendrai les armes des ennemis morts quand nos réserves seront épuisées. Je ne souffrirai pas le déshonneur de laisser mes alliés périr pour ma vanité. »

Bobrov était très curieuse de connaître son histoire. Elle comprenait les implications de ses déclarations. Même face à une menace aussi pressante, le bon docteur se tiendrait à son idéal : Primum non nocere.

De son expérience, les Sangheilis tenaient les prouesses martiales en haute estime et leur honneur était une question de vie ou de mort. C’est un fait que des décennies de combats contre eux lui avaient appris. Ces dernières années, elle avait pu confirmer cette notion durant des entraînements avec les soldats des Lames de Sanghelios. Peut-être que Doc faisait partie de leur cohorte à bord de l’UNSC Infinity ? Bobrov prit une inspiration anxieuse.

L’Infinity.

Ce nom l’emplit d’une nostalgie amère.

Le vaisseau lui manquait.

Pendant la guerre contre les Covenants, la vie à bord des vaisseaux de l’UNSC était difficile : leur organisation purement utilitaire rappelait leur fonction de tombeaux de métal géants transportant les soldats d’une bataille à l’autre, si tant est qu’ils réussissent à l’atteindre. Mais le doux vrombissement des réacteurs de l‘Infinity, la beauté du parc de son atrium éclairé à travers le dôme d’observation par des nébuleuses durant sa nuit artificielle, et la compétition de chili où le lieutenant Gomez et elle étaient parvenus à la quatrième place…

C’était la première fois qu’elle considérait un vaisseau comme un foyer.

Elle se rappela leur premier atterrissage forcé dans Requiem. Les Covenants qu’ils y avaient affrontés s’étaient jetés sur leurs lignes de défense sans espoir de pouvoir la surmonter, animés seulement par le zèle de ceux qui pensaient que tel était précisément leur devoir envers leur dieu vivant. Durant cette bataille, elle était la pilote d’un Mammoth M510, une machine de guerre sur six roues déployées contre un réseau de canons à particules qui transportait le capitaine de vaisseau Laksy, alors capitaine de frégate, et le Major lui-même vers le puits de gravité qui bloquait le vaisseau au sol.

Ces souvenirs semblaient comme appartenir à une autre vie… et le destin de ces deux héros restait inconnu. Aux dernières nouvelles, le capitaine Lasky n’avait pas contacté le Mortal Reverie et le Major avait disparu dès l’embuscade contre l’Infinity.

Tout ce qu’elle pouvait faire, et savait faire, était de continuer le combat. Les espoirs d’une ère de paix après la chute de l’Alliance Covenante s’étaient évaporés, entre les vestiges des Covenants, les groupes rebelles, les anciens robots forerunners, les intelligences artificielles renégates et maintenant les Parias… Les règles du Roi de la colline résumaient bien leur situation générale alors qu’ils tentaient tous de prendre le contrôle de l’arme la plus destructrice de la galaxie. Et tout ça pour quoi ?

« Hé, le moche, » appela dans le vide le caporal Singh pour s’adresser à Escharum. « C’est quoi notre récompense si on gagne ? »

Escharum n’apparut pas, mais sa voix résonna entre les murs du Temple du jugement, parlant d’un ton comme s’il leur confiait un secret. « La même qu’Atriox reçut pour avoir survécu à tous ses frères pendant tant de batailles. »

« C’est-à-dire ? »

« Voir une nouvelle aube se lever au-dessus du Temple du jugement. Vous serez nourri et hydraté, et demain… une nouvelle bataille. »

« Enfoiré. »

« Courage, humain. À chaque instant sur le champ de bataille, vous connaîtrez Atriox. Vous connaîtrez les Parias. Vous connaîtrez comment les Jiralhanaes s’immolent. »

Alors que les derniers mots du chef de guerre résonnaient, les portes de la salle s’ouvrirent.

Bobrov se raidit, s’attendant à voir une nuée d’ennemis les prendre d’assaut. Mais personne n’en sortit.

Jusqu’à ce qu’ils les entendent.

Comme si une antique machine revenait à la vie, ils entendirent le son sourd, rythmique et affolant des pommeaux de douzaines de marteaux antigravité frappant le sol à l’unisson.

Ils commencèrent lentement, et Bobrov comptait les secondes entre les coups.

Un, deux, trois, quatre, bam !
Un, deux, trois, quatre, bam !

Le son emplit l’air autour d’eux, se répercutant dans la pièce comme l’eau de la marée montante.

Puissante. Inarrêtable.

Les quatre secondes se réduisirent bientôt à trois.

Un, deux, trois, bam !
Un, deux, trois, bam !

La tension pesait dans le ventre de Bobrov, les poils de sa nuque se hérissèrent et ses trois compagnons s’agitèrent, attendant l’inévitable.

Trois secondes devinrent deux.

Un, deux, bam !
Un, deux, bam !

L’ennemi serait bientôt sur eux.

Elle le savait.

Pourtant, à cet instant, la réalité lui apparaissait avec une sérénité cristalline, même si cette invocation était condamnée à dégénérer en une tempête barbare. En tant que Marine qui avait combattu contre l’Alliance Covenante et connu une courte trêve avant d’être de nouveau appelée sur le front, cette sensation était comme le retour d’un vieil ami.

Son choix était simple. Ses priorités étaient claires.

S’adapter. Survivre. Et…

Elle relâcha le souffle qu’elle retenait, regarda son escouade et vit sur leurs visages le reflet de sa propre expression de détermination résignée.

…advienne que pourra.

Le rythme continuait d’accélérer, le son des marteaux se faisait plus proche, plus bruyant, approchant son acmé.

Une seconde.

Une. Dernière. Respiration.

Le bruit de la charge commença. Des rugissements sanguinaires. Le son cinglant des premiers tirs alors que Bobrov et son équipe engageaient leurs cibles.

La voix d’Escharum résonna par-dessus le tumulte.

« Battez-vous de toutes vos forces. Et mourez dignement. »


La prochaine Waypoint Chronicle de cette rediffusion sera Hippocratica.

Retrouvez les autres histoires des Waypoint Chronicles :

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