Bienvenue pour cette onzième rediffusion des traductions des Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était Tulpamancie.
La Troisième vie revient sur un certain nombre d’éléments de l’univers qui n’avaient pas été abordés depuis quelques années. La secte de la Troisième vie, la Spartane renégate Ilsa Zane et la faction rebelle de la Nouvelle alliance coloniale en deviennent connectés aux Parias.
Octobre 2558. Après avoir été capturée par les Parias alors que la galaxie sombre dans le chaos, la quête d’Ilsa Zane pour trouver la vérité l’amène vers une nouvelle étape inattendue de sa vie…
NOTE HISTORIQUE
Halo : The Third Life commence le 28 octobre 2558, immédiatement après l’éveil du Gardien de Laika III à la fin de Hunt the Truth, et continue durant les années de domination de Cortana, altérant l’équilibre des puissances galactiques.
Hé, salut. Ça faisait longtemps. Tellement longtemps que vous croyez sûrement que j’étais morte. Est-ce que vous m’avez cherché ? Est-ce que vous avez seulement essayé de me trouver ? Bah, peu importe, bien sûr, vu que c’est moi qui tient cette arme contre votre tempe.
Je suis sûre que vous êtes aussi surpris que moi. J’ai tout donné pour votre cause, autrefois. Je croyais sincèrement en vos idéaux, j’ai cru vos promesses… mais tout a changé, et je vois maintenant votre vrai visage.
Avant de vous tuer, parce que oui, je vais vous tuer, je vais vous parler un peu de moi, et de comment j’en suis arrivé là.
Je m’appelle Ilsa Zane.
Traître. Rebelle. La « Spartane folle ».
Le fer de lance de la Nouvelle alliance coloniale.
Et c’est ma quête de la vérité qui m’a ramené jusqu’à vous.
28 OCTOBRE 2558
LAIKA III
Personne ne tue Ilsa Zane.
Elle vivait sa vie en accord avec ces cinq mots. De la chute de Kholo, où les Covenants lui avaient pris tout ce qui lui était cher, à sa sélection pour la première phase du programme SPARTAN-IV, où on l’avait utilisée et rejetée… jusqu’à aujourd’hui.
C’était l’ère de la Nouvelle alliance coloniale, la NCA, la somme de tous leurs efforts pour sécuriser l’indépendance totale des colonies. Les groupes rebelles de tout l’espace humain s’étaient associés, ils s’étaient alliés à une myriade de factions mercenaires, et leurs flottes étaient prêtes à frapper l’UNSC, le Commandement spatial des Nations unies.
Mais tout avait été gâché par un simple agent double des Services de renseignement navals (ONI).
FERO.
Un peu plus d’une semaine auparavant, Conrad’s Point avait été frappé par un séisme d’une ampleur jamais observée. Une structure alien massive était sortie du sol, laissant un immense cratère avant de disparaître dans le sous-espace. On rapporta que d’autres colonies furent frappées par un cataclysme similaire.
La NCA s’était rendue la première à Conrad’s Point pour étudier le cratère, et c’était là qu’Ilsa Zane avait entraîné un groupe de rebelles indisciplinés pour en faire une force de frappe. Ils étaient en train d’étudier les données qui pourraient les pointer vers le lieu de la prochaine catastrophe, quand FERO s’était infiltrée dans leurs rangs pour diriger une frappe aérienne de l’UNSC dans une futile tentative d’assassiner Zane.
L’attaque n’avait fait qu’enrager Zane, qui avait rassemblé les survivants de la NCA pour traquer FERO jusqu’à Laika III, le site du prochain réveil. Ils avaient deux objectifs : éliminer FERO, et obtenir l’étrange nouveau pouvoir qui commençait à émerger.
Ils n’accomplirent aucun des deux.
FERO s’était réfugiée au sein du culte appelé la Triade, dont le chef Dasc Gevadim, un escroc de carrière, avait proclamé que ces catastrophes menaient à la transcendance divine. Pour rendre les choses encore plus compliquées, l’ONI avait envoyé assez de troupes pour faire de Laika III une fosse commune, juste au moment où le nouveau réveil allait réduire la surface en poussière.
Zane avait vu des membres de la Triade soulevés dans les airs par une anomalie gravitationnelle alors que le sol sous leurs pieds s’ouvrait comme une gueule béante, mais elle avait ignoré ce phénomène surnaturel et décidé de l’exploiter comme une distraction.
Les troufions de l’UNSC étaient désorganisés par le chaos, et elle en avait profité pour massacrer autant de soldats qu’elle le pouvait. Elle avait perdu son arme sans s’en rendre compte pendant la bataille, mais elle n’en avait pas besoin. Ilsa Zane elle-même était une arme. Plus elle tuait ses ennemis à mains nues, plus la soif de sang s’intensifiait en elle, et plus la vague de roche, de poussière et de mort s’approchait d’elle.
Finalement, un rugissement sonore avait empli l’air. Une série de puissantes pulsations avait dispersé la poussière, et Zane avait été comme frappé par une masse solide et invisible et sa tête avait violemment heurté le sol.
Alors que sa vision lui échappait, elle entrevit une ombre aux ailes immenses s’élever dans les airs avant de disparaître dans le sous-espace. Elle avait serré les dents et les poings, lutté pour que ces instants de conscience vacillante ne soient pas ses derniers.
Personne ne tue Ilsa Zane.
Ilsa Zane avait été réveillée par le rugissement d’une créature juste devant son visage. L’effet de l’haleine avariée et de la salive qui couvrait ses joues était si violent qu’elle sentit ses tripes se retourner sous la puissance du choc sensoriel. Elle se tint contre une paroi rocheuse froide d’une main tout en tenant son estomac dans l’autre, tentant de défier les réponses instinctives de son corps, mais échoua lorsqu’elle vomit sur le sol, couvrant ses bottes de combat du contenu âcre de son estomac.
Pourtant, le plus grand choc n’arriva que lorsqu’elle leva les yeux vers ce qui l’avait réveillée. Pour la première fois depuis des années, elle fut paralysée par la peur. Elle s’était persuadée qu’elle était immunisée à cette sensation, mais elle se trouvait dans une situation désespérée du genre qu’elle avait espéré ne plus jamais affronter.
La créature devant elle lui avait tourné le dos. Elle faisait plus de deux mètres et demi de haut, faite de muscle et de graisse, avec une peau gris clair couverte par endroits de fourrure sombre. Elle nettoyait ses crocs couverts de sang avec ses griffes acérées, et portait une combinaison noire sous des plaques d’armure pourpre : c’était un guerrier Jiralhanae.
« Surtout, » chuchota une voix près d’elle, « ne le regardez pas dans les yeux. »
Zane commençait à retrouver ses esprits et suivit le doigt de l’homme dans la direction qu’il pointait. Elle vit une tache sombre sur un mur, qui continuait sur le sol pendant trois mètres.
Elle se trouvait dans une sorte de prison improvisée, ou plutôt un enclos fait de barrières de bois et de fragments de béton, probablement les restes des bâtiments abattus par le réveil de l’immense créature ailée. Elle compta dix-sept autres humains dans l’enclos. Certains portaient encore des uniformes de l’UNSC, elle reconnut d’autres comme des membres de ses rebelles, mais ne reconnut pas l’homme qui plaça une main calleuse sur son épaule.
Il avait le crâne rasé et portait une longue barbe grise et une longue soutane en lambeaux, mais la marque sur son torse était immédiatement reconnaissable. Un anneau blanc segmenté en trois par une lettre T rouge, le symbole des trois vies intérieures qui devaient être connectées pour atteindre la transcendance, la fable idiote qui était le socle d’un culte recrutant sur Waypoint.
« J’y crois pas, » laissa échapper Zane sous le coup de la surprise.
« Oui, mon enfant, » répondit l’homme avec un sourire aimable fait de dents parfaitement blanches. « Tes yeux ne te trompent pas. »
Elle avait survécu pour se retrouver jetée dans un bourbier, et face à Dasc Gevadim en personne.
« Avant tout, retrouve tes esprits, » dit-il en regardant les autres prisonniers, qui gardaient la tête baissée vers le sol vicié. « Ils reviendront bientôt. »
« Pour faire quoi ? »
Dasc fit la moue. « Dîner. »
Il expliqua à voix basse que la structure ailée, qu’il appelait un Gardien, était contrôlée par une intelligence artificielle qui avait diffusé un message à toute la galaxie pour déclarer le début d’une nouvelle ère de paix et d’ordre, imposée pour mettre fin à tout conflit et toute douleur. Un objectif aussi ridicule que la fausse religion marchandée par Dasc, mais Zane avait besoin d’informations et continua de l’écouter tant qu’il parlait.
Les autres prisonniers ne disaient rien. Ils restaient immobiles et tremblants, se parlant à eux-mêmes, grelottant dans le froid et rendus nauséeux par l’air saturé de mort et d’immondices. Il serait facile d’escalader ou se glisser à travers la barrière de l’enclos, mais aucun ne tentait de s’échapper.
Dasc expliqua que les survivants de l’éveil du Gardien avaient été capturés par une nouvelle faction arrivée avec un vaisseau de siège pour s’emparer du cratère.
Les Parias.
Zane avait entendu parler de cette faction mercenaire. Elle pensait qu’ils n’étaient que des charognards survivant en récupérant ce qu’ils pouvaient sur les champs de bataille et les usines de l’ancienne Alliance Covenante. Dans tous les cas, l’amiral Mattius Drake, le chef de la NCA, n’avait pas jugé utile d’en faire des alliés dans sa quête d’indépendance.
« Il nous faut trouver un moyen de nous échapper, » conclut Dasc.
« Vous avez l’air de bien connaître ces Brutes, » remarqua Zane. Dasc était certainement agité, mais il parlait avec une confiance absolue alors que même les soldats endurcis des rebelles et de l’ONI avaient perdu espoir.
« Je me suis trouvé dans une situation similaire, il y a bien longtemps. Nous avons survécu en créant un conflit au sein de la meute, mais jouer deux fois la même carte peut être difficile. »
« C’est bon, j’ai un as dans la manche, » déclara Zane. Dasc leva un sourcil. « Mon implant traceur envoie un signal au QG de la NCA toutes les douze heures. Ils doivent déjà savoir que je suis sur Laika III, et l’amiral Drake enverra une équipe de sauvetage si je ne donne pas signe de vie pendant trois jours. »
« Alors nous devons être patients, » dit Dasc en grattant son menton d’une main sale. « et ne pas finir comme les autres prisonniers pour un ou deux jours. »
Au vu de leur état, la tâche serait facile pour Zane.
« Passons un marché, » déclara Dasc, un éclat malicieux dans les yeux. « Je peux vous apprendre à survivre aux lubies des Brutes jusqu’à l’arrivée des renforts. En échange, emmenez-moi avec vous et amenez-moi à un endroit de mon choix. »
Chacun poursuivait ses propres objectifs, mais il était difficile de dire si la confiance de Dasc était motivée par la soif de survivre ou quelque chose d’autre. Après tout, c’était un escroc et un gourou qui avait convaincu ses fidèles qu’il avait atteint une transcendance vers un autre niveau de réalité lors de l’éveil du Gardien. Placer sa confiance dans un tel homme était stupide.
Les délibérations de Zane furent interrompues par des bruits de pas lourds et les gémissements des prisonniers. Le Jiralhanae revenait.
Le guerrier armuré marchait lentement, appréciant la terreur qu’il créait par sa simple présence alors qu’il ouvrait la porte de l’enclos. Deux Marines qui se trouvaient près de l’entrée firent un pas en arrière pour laisser passer le Jiralhanae, les yeux fixés sur le sol, comme deux gardes d’honneur. La respiration des autres prisonniers devenait paniquée et leurs yeux devenaient humides.
Le Jiralhanae déciderait s’ils mourraient dévorés par lui-même et ses congénères aujourd’hui, et ce n’était pas nécessairement une mauvaise chose lorsque l’alternative était de continuer à pourrir dans cet abattoir, couvert de boue et de sang.
Aucun prisonnier n’avait les capacités ou le courage de changer les règles de ce jeu cruel. Ils s’éteindraient les uns après les autres, et Ilsa Zane ne ressentait aucune pitié pour eux. Ils étaient petits et faibles. Inférieurs.
Cette mentalité faisait probablement d’elle un monstre, mais les années n’avaient jamais changé le fait qu’Ilsa Zane était une Spartane.
Et les Spartans étaient faits pour bouleverser les règles du jeu. Alors elle fit ce que personne d’autre n’osait faire.
Elle leva la tête.
Son geste capta immédiatement l’attention du Jiralhanae. Il serra les dents face à son audace et repoussa le Marine qu’il était en train d’inspecter pour répondre à cette attaque contre son autorité. Dasc écarquilla les yeux. À cet instant, il se disait probablement que Zane était plus folle que personne ne l’avait jamais accusé d’être.
« Hé, le moche, » appela Zane en s’avançant, les poings fermés, soutenant le regard de la Brute.
Les instants qui suivirent furent perdus dans une extase de violence. Le Jiralhanae avait poussé un rugissement à glacer le sang, et Zane avait profité de cette opportunité pour se jeter sur lui et le frapper du poing à la gorge aussi fort que possible, écrasant sa trachée.
La Spartane Zane avait reçu il y a des années des augmentations uniques, différentes de celles devenues standard au sein du programme SPARTAN-IV. On lui avait dit que l’ONI voulait rendre la coûteuse armure Mjolnir obsolète en rendant ses os indestructibles, en implantant un blindage directement sous sa peau et en renforçant ses muscles au point qu’elle pouvait égaler la force physique d’un Sangheili ou d’un Jiralhanae.
Ces informations étaient bien sûr embellies, une simple propagande aussi ridicule que la fausse religion de Dasc. La réalité était qu’elle avait servi de rat de laboratoire pour des cocktails d’augmentations expérimentales et de procédures qui avaient ravagés son corps et son esprit.
Cela lui importait peu. Ilsa Zane était devenu une arme vivante, et elle seule décidait vers qui elle se pointerait.
La bête porta les mains à sa gorge, essayant de respirer. Zane arracha une de ses épaulières et abattit un de ses bords effilés contre le visage de la Brute. La créature s’effondra et se tordit de douleur, et Zane continua de frapper. Du sang coulait de ses yeux, de son nez et de sa bouche, et Zane continuait d’abattre son arme improvisée aussi fort que possible contre son adversaire jusqu’à ce que son bras soit engourdi.
La soif de sang montait de nouveau en elle, la sensation d’extase faisait comme vibrer ses veines.
Elle conjura cette sensation en un puissant cri de guerre, qui se changea naturellement en un rire sincère et sombre.
Elle ne percevait presque pas les autres humains qui la regardaient avec horreur, tressaillant à chaque coup qu’elle portait contre son pauvre adversaire.
Elle avait perdu toute perception du temps lorsqu’elle se releva finalement, satisfaite d’avoir réduit son geôlier à une tache sombre contre le sol. Elle passa sa main dans une sangle du harnais de la Brute et tira le cadavre vers la clôture avant de le soulever pour l’y exposer.
Elle remarqua enfin que six autres Jiralhanaes avaient assisté à la scène. L’un d’entre eux s’avança. Son armure rouge et grise et son casque ornementé l’identifiaient comme leur chef, et il portait un marteau antigravité aussi haut qu’un humain. Le chef montra les crocs face à Zane.
« L’humaine a assassiné un de nos frères, » cria une des Brutes. « Tuons-la ! »
Les autres Brutes commencèrent à appeler en cœur, « Tuons-la, tuons-la, » mais leur chef les fit taire en frappant trois fois le sol avec le pommeau de son marteau.
« L’humaine a tué Amatus, » déclara-t-il avant de marquer une pause pour soutenir l’attention de sa meute en préparation de la suite. « Je n’aimais pas Amatus. »
La meute rugit en réponse, et Ilsa Zane laissa tomber au sol l’épaulière acérée qu’elle avait utilisée comme arme. Elle n’aimait pas Amatus non plus.
« Mes félicitations, humaine, » dit le chef en affichant un sourire à glacer le sang. « Je t’offre une récompense pour cette démonstration de puissance et de courage. Joins-toi à nous pour notre dîner, et choisis lequel de tes congénères prendra ta place comme plat de résistance pour ma meute. »
L’esprit d’Ilsa Zane fut soudainement parcouru d’innombrables pensées. Elle avait acquis le respect d’un chef Brute, elle survivrait un autre jour, elle allait pouvoir manger et boire, et…
Mais il y avait un problème.
Elle avait révélé à Dasc que la NCA enverrait bientôt des troupes. S’il révélait cette information au chef Brute, il pourrait s’attirer ses faveurs et les Brutes l’écorcherait vive pour retirer son traceur. Elle avait beau être forte, elle ne pourrait pas se mesurer à une meute entière.
Dasc comptait peut-être sur elle pour honorer leur promesse et choisir les autres prisonniers jusqu’à l’arrivée des renforts. Mais elle n’avait jamais accepté son offre avant qu’Amatus ne les interrompe.
Dasc Gevadim était une variable dangereuse à éliminer.
« Lui, » dit Ilsa Zane en pointant du doigt le vieillard en soutane grise. Le choc qui s’afficha sur le visage de Dasc lui procura un plaisir sadique, il ne s’était pas attendu à cette issue.
Il aurait pu révéler son secret pour sauver sa peau, mais le choc de la situation l’avait rendu aussi mutique que tous les autres humains dans l’enclos.
Deux guerriers Jiralhanaes entrèrent dans l’enclos et prirent le gourou par les bras avant de le traîner vers la sortie. Il tenta de planter ses pieds dans le sol poisseux, cherchant désespérément un moyen d’interrompre la marche vers une fin bien méritée et délicieuse.
Dasc Gevadim fut emmené de l’autre côté d’une colline et ses hurlements se perdirent dans la nuit.
Et voilà. J’ai attendu des jours, des semaines même, et aucun vaisseau de la NCA n’est jamais venu. Alors j’ai utilisé mes cartes et fait ce qu’il fallait pour survivre.
Chaque jour, je choisissais qui mourrait. Aucun d’eux ne résistait, comme si quelque chose s’était brisé en eux ce jour-là. La disparition de la moindre trace d’espoir avait créé un genre de dissociation entre leur esprit et leur corps, c’était probablement leur seul moyen de se protéger de l’horreur de leur situation.
Je m’imaginais votre visage tous les jours, amiral.
J’ai fini par intégrer leur meute. Nous chassions, nous tuions, nous mangions, et nous attendions…
Un jour, longtemps après que j’ai arrêté de les compter, un vaisseau est arrivé. Apparemment, la meute était là pour garder la main sur le site pour que leurs scientifiques puissent étudier la structure d’où avait émergé le Gardien.
Je ne sais pas ce qu’ils cherchaient exactement, mais c’était assez important pour que le chef de guerre des Parias soit présent en personne.
Au début, il n’était pas enthousiaste que j’aie été épargnée, mais je lui ai fait une offre qu’il ne pouvait pas refuser…
[RUPTURE DE SOUS-ESPACE DÉTECTÉE]
Quand on parle du loup.
Il est à l’heure.
8 MAI 2559
SYSTÈME EDOLAS
À BORD DU NCA D’ARTAGNAN
Ilsa Zane fit pivoter le siège de commandement de l’amiral Mattius Drake vers la verrière du pont afin qu’il assiste à l’arrivée de la corvette d’intrusion qui venait de quitter le sous-espace.
Le vaisseau avait été fortement modifié depuis sa configuration covenante d’origine, comme de nouveaux capteurs, des pals d’éperonnage et des vaisseaux d’abordage attachés à son fond pour des opérations de choc. Sur sa proue était peinte une bande rouge ornée de la marque des Parias.
Un Phantom quitta la corvette d’intrusion et approcha du hangar du NCA D’Artagnan.
L’atmosphère du pont changea et l’amiral Drake fut pris de sueurs froides, son visage pâlit et son front transpirait. Son visage était semblable à celui de Dasc lors de sa fin. Il ne parvint à émettre qu’un soupir étranglé.
« Ilsa, pitié… »
Mais elle lui tournait déjà le dos pour examiner l’holotable du pont qui affichait la position des vaisseaux de la NCA dans le système. Plus d’une vingtaine de bâtiments de la NCA y étaient stationnés, des frégates légères, des corvettes, et des chalutiers convertis amarrés à une station spatiale ayant appartenu aux Covenants. On trouvait également quelques bâtiments aliens, et les restants des mercenaires de feu Vata ‘Gajat, à présent menés par un T’vaoan plus docile appelé Tek.
« À tous les vaisseaux de la NCA, » transmit Zane sur un canal ouvert. « Je suis Ilsa Zane, et je vous informe d’un changement dans la chaîne de commandement. »
L’amiral Drake se débattit sans ses liens, mais il ne pouvait pas quitter sa chaise.
« L’amiral Drake nous a promis l’indépendance depuis des années, il nous a promis de frapper l’UNSC au cœur pour gagner notre liberté. Nous avons établi une machine de conquête, et pourtant nous végétons dans un système perdu, survivant de rebuts et patientant comme des lâches. »
Elle pouvait déjà entendre les pas lourds du chef de guerre des Parias s’approchant. Il était seul, il avait laissé ses gardes dans le hangar.
« Ce devait être notre heure de gloire, » continua Zane. « Des aberrants et des rebelles unis dans un seul but, les petites pièces formant une immense machine. Mais une de ces pièces ne fonctionne plus et nous empêche d’avancer. Je ne la laisserai pas briser la machine que nous avons construite ensemble. »
L’imposante forme du chef de guerre Escharum sortit des ombres et entra sur le pont, révélant un Jiralhanae à la barbiche grise, avec un œil blanc aveugle et un visage couvert de cicatrices. Il observa le pont : quelques enseignes morts à leurs postes, l’amiral Drake attaché dans son siège de commandement, et à l’holotable, celle qu’il avait rencontrée à Oth Voran, la Spartane renégate, en train de communiquer son message.
« Je relève donc l’amiral Drake de ses fonctions, » annonça-t-elle en dégainant son pistolet. « Définitivement. »
Ilsa Zane pressa la détente sans aucune hésitation, ne prêtant aucune attention au son et au flash du tir. Elle vit la lumière disparaître des yeux de Drake. Une fin triste et pathétique pour un homme qui clamait vouloir poser les bases de grandes choses, à présent une note de bas de page dans l’histoire de la NCA.
« Nos flottes sont répandues dans les colonies, nos agents infiltrés sur un millier de champs de bataille, et nos cœurs s’embrasent de la flamme de l’indépendance. Tout ce que nous avons créé, tout ce qui compose la Nouvelle alliance coloniale, servira maintenant d’épée et de bouclier aux Parias, » conclut Ilsa Zane.
Escharum émit un grognement d’approbation. Le chef de guerre n’admirait pas l’humanité comme Atriox, mais il était pragmatique. Dans l’état actuel de la galaxie, ils ne pouvaient se passer d’aucun allié potentiel pour affronter les difficultés à venir, et cette nouvelle alliance leur fournirait des ressources et une influence précieuses.
Il ne rejetterait personne qui prêterait serment à Atriox. Le temps était venu d’accueillir une nouvelle confrérie au sein des Parias.
« Atriox voit ce que vous êtes, et ce que vous pouvez être, » tonna Escharum en se plaçant aux côtés de Zane près de l’holotable. « La fureur qui guide votre soif de liberté est la même qui l’habite. Ensemble, nous ferons de grandes choses. Nous chasserons des proies dignes et nous emparerons d’antiques trésors. Votre récompense sera faite de sang, de plaisirs guerriers et de butins. Et vous ne ploierez plus jamais l’échine. »
Les dés étaient jetés.

C’est ce jour-là que tout changea pour la Nouvelle alliance coloniale.
Est-ce que je regrette d’avoir tué Drake ? Pas plus que je ne regrette les actions qui m’ont menée jusqu’ici. Dis autrement : absolument pas.
Je devais ma vie à cet homme autrefois, mais la NCA est plus grande que son meneur, et sa faiblesse était inacceptable à ce moment critique. Drake aurait laissé nos forces patienter dans les ombres jusqu’à ce qu’elles aient perdu la flamme, se soient mutinées ou aient désertées. Nous aurions tout perdu.
Je ne peux pas l’accepter.
Je ne peux pas oublier Dasc. Il menait une religion fantoche, qui prêchait la connexion des trois vies intérieures qui seraient en chacun de nous, et je dois admettre que cette image me parle plus que je ne le croyais au début.
J’étais une orpheline durant la guerre contre les Covenants, une vie qui me semble si loin à présent.
Après la guerre, j’étais un outil, utilisé et jeté par l’UNSC pour créer une nouvelle génération de propagande insipide.
Et maintenant que je suis une Spartane paria. Ça sonne bien. Je me sens bien. J’ai hâte de voir ce que cette troisième vie me réserve.
Escharum voulait nous mettre à l’épreuve sans attendre. Une première mission pour démontrer notre valeur guerrière, mais ce sera une autre histoire. Si vous vous demandez comment j’ai trouvé cette armure… Dites-vous que ce n’était pas le premier Spartan que j’ai tué.
Je travaille encore à réduire la liste de mes comptes à régler. FERO. Musa. Palmer. Kree’yat. Dinh…
La galaxie est vaste, et j’ai hâte de me lancer dans une nouvelle chasse.
La prochaine Waypoint Chronicle de cette rediffusion sera L’Accord Anvil.
Retrouvez les autres histoires des Waypoint Chronicles :
- Vertical Umbrage
- Winter Contention
- Une Aube sur Sanghelios
- Saturne dévorant un de ses fils
- La Bataille pour la lune de sang
- L’Épreuve du jugement
- Hippocratica
- Fireside
- L’Accord Anvil
- La Machine se brise
- Sonate vénézienne
- L’Âge de la rétribution
- Les Murmures de Pyre
- Du Sol aux étoiles
- Tulpamancie
Poster en tant qu'invité
Un patch vient d'être déployé pour résoudre le soucis de connexion aux commentaires. Si vous venez de vous connecter, une actualisation de la page peut être nécessaire. Si le problème persiste n'hésitez pas à nous le signaler.
Poster en tant qu'invité